L'Oise Agricole 03 octobre 2024 a 08h00 | Par Stéphanie Doligez

Fièvre catarrhale ovine: point à date et plan d'action en Hauts-de-France

La FRSEA Hauts-de-France a invité les membres du CAF Hauts de France ainsi que les opérateurs commerciaux, l'interprofession, le GIE lait viande, les GDS, la Draaf et la Région à venir échanger sur la FCO BTV3, épizootie qui sévit sur la région Hauts de France, et d'une manière générale sur le nord-est de la France.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
- © Pixabay

À l'appel de la FRSEA des Hauts-de-France, l'ensemble des membres du CAF - Jeunes agriculteurs, Coopération agricole, Groupama, Crédit agricole, MSA et Chambre régionale d'agriculture - sont venus échanger le 27 septembre à Amiens (80) sur la crise sanitaire qui touche sévèrement les troupeaux ovins et bovins de la région. Les acteurs des deux filières ont également fait partie du tour de table. D'après les groupements de défense sanitaire (GDS), sur les 2 812 foyers recensés en France au 19 septembre, la région en comptait 1017. Majoritairement situées dans les départements du Nord et l'Aisne, les exploitations touchées sont surtout des exploitations bovines. Les statistiques de l'équarrissage font état d'une augmentation de la mortalité des animaux à compter de mi-aout dans ces deux départements. Chez les ovins, la mortalité est multipliée par 8 en semaine 35 en 2024 par rapport à 2023. Les retours de terrain font état d'impacts très disparates d'un élevage à l'autre. Il est à noter qu'au-delà de la mortalité, il est extrêmement complexe d'évaluer les impacts indirects ou à long terme de l'épizootie. Ainsi, afin de disposer de données objectives, les GDS réalisent une enquête dans les troupeaux foyers à T0, 1 mois, 3 mois, 6 mois.


Contre la maladie, la vaccination reste la meilleure solution
S'ils n'empêchent pas systématiquement la maladie, les vaccins contre la FCO BTV 3 réduisent la virémie, réduisent les signes cliniques ainsi que la mortalité. Les deux vaccins agréés par l'État sont délivrés gratuitement par le vétérinaire sanitaire. Le mot d'ordre partagé par l'ensemble des acteurs de la filière est d'encourager à la vaccination. Par ailleurs, lorsque des cas cliniques sont repérés dans l'exploitation, il est indispensable de se faire reconnaître foyer via le vétérinaire sanitaire. En effet, ce sera un préalable, le cas échéant, pour prétendre à une prise en charge des pertes.


Premières annonces
Certaines aides de la Pac peuvent être remises en cause en cas d'incapacité des exploitations à respecter certains critères. C'est le cas par exemple des effectifs animaux, des périodes de détention ou taux de productivité pour les aides couplées ovine et bovine. Dans le cas de la FCO, il est possible de demander l'activation de la force majeure en faisant valoir auprès de la DDT(M) le statut de foyer. Afin de simplifier les démarches et éviter des papiers supplémentaires, la FRSEA demande que la reconnaissance en foyer permette d'activer automatiquement la force majeure sans avoir à réaliser de démarche supplémentaire.
S'agissant d'une maladie émergeante, les pertes directes liées à la FCO3 devraient être indemnisées par l'État. Mais tout reste à négocier de ce côté et dépendra de l'étendue des impacts ainsi que de l'enveloppe mobilisable au niveau de l'État. Le ministère travaille au chiffrage des besoins, sur la base des mortalités constatées en ovin. Pour les bovins, la morbidité et les pertes de production pourraient entrer en compte, mais restent difficiles à évaluer. L'aide qui serait mise en place devra être notifiée à Bruxelles pour éviter la problématique du plafond de minimis.
Au-delà de la mortalité, de nombreux signes cliniques plus ou moins impactants peuvent être observés, en particulier l'infertilité des reproducteurs, au moins temporairement. Compte tenu de l'impact économique de la présence de béliers ou de taureaux stériles dans un élevage, la Région a décidé d'apporter son aide et devait délibérer le jeudi 3 octobre sur la prise en charge partielle des tests de fertilité. Par ailleurs, pour aider les éleveurs à passer ce cap difficile en matière de trésorerie, le Conseil régional proposera de réactiver une mesure de prise en charge de 50 % des frais financiers liés à la mise en oeuvre d'un emprunt court terme, une pause crédit ou une année blanche en raison de la FCO. Un plafond par exploitation serait appliqué, à raison de 5 000 EUR et 7 000 EUR pour les JA. Le Crédit agricole, quant à lui, proposera également des mesures avec des prêts court terme et moyen terme à taux avantageux. Les banques restent dans l'attente des mesures nationales poussées par le syndicalisme majoritaire portant sur la mise en oeuvre de prêts garantis par l'État (PGE). Côté assuranciel, Groupama pourra proposer des plans de paiement aux agriculteurs en difficulté en raison de la FCO. S'agissant d'une problématique sanitaire, non assurable, l'assurance ne peut proposer des mesures spécifiques.
L'impact psychologique de la crise sanitaire n'est pas à négliger pour les exploitants concernés. Aussi, la MSA a tenu à rappeler les mesures d'accompagnement qu'elle peut proposer. Les cotisations légales et conventionnelles peuvent faire l'objet de report ou de prise en charge partielle voire totale selon les cas sous réserve de mise en place d'une enveloppe par l'État. Sur le plan social, la MSA dispose d'un service d'intervention sociale pour prendre en charge les exploitants en difficulté.


FCO et IBR, la double peine
Difficulté supplémentaire : pour les élevages laitiers non indemnes d'IBR, le principal débouché des jeunes veaux était jusqu'à présent l'Espagne. Avec l'arrivée de la FCO, l'Espagne n'étant pas touchée, le marché espagnol s'est fermé, excepté pour les animaux faisant l'objet d'une PCR négative à la FCO. La situation est extrêmement bloquante pour les éleveurs concernés qui se retrouvent sans issue, mais pour autant, au niveau régional, cela ne représente que peu d'animaux. À titre d'exemple, sur la période septembre-décembre 2023, 40 500 petits veaux étaient sortis des exploitations des Hauts-de-France. Parmi eux, 1.100 seulement étaient issus de cheptels non indemnes d'IBR. Les éleveurs se sont tournés vers les représentants de la filière, en quête d'une solution d'engraissement en local. Aucune solution simple ne s'est dessinée au cours de l'échange.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,