«Il y a cinq ans, nous nous sommes donnés pour objectif de rebâtir l'accompagnement de ceux qui veulent entrer dans le métier d'agriculteur et de ceux qui veulent en sortir», contextualise Julien Rouger. Le vice-président de Jeunes Agriculteurs a rappelé la proposition d'alors de créer un guichet unique de l'installation et de la transmission. «La transmission a longtemps été le parent pauvre des politiques publiques. Même chez nous, Jeunes agriculteurs, c'est un sujet sur lequel nous avons moins travaillé.»

Des réflexions et des débats était sorti en 2022 un livre blanc sur la transmission. Le syndicat y détaillait des axes de propositions à intégrer dans une loi d'orientation agricole (LOA) : informer et accompagner l'agriculteur qui souhaite partir en retraite afin qu'il anticipe la cession à un jeune ; réaliser un diagnostic économique et financier de l'entreprise à transmettre - «une évaluation 360° sur la structuration de l'exploitation et sur ses opportunités de développement, dans les cinq ans qui précèdent le départ en retraite du cédant, afin que le jeune puisse s'assurer de vivre de son métier» - ; créer un dispositif fiscal et social qui incite le cédant à faire le choix du renouvellement ; faciliter le portage du foncier.

Des propositions qui ont irrigué les mois de consultations précédant la nouvelle LOA, examinée - comme un symbole - au même moment par les sénateurs. «Aujourd'hui, nous souhaitons faire la même chose avec la réforme du foncier et avec les politiques de renouvellement au sein de la Pac.» Pour Matthieu Carpentier, le coeur de la problématique se trouve dans l'accès au foncier : «Devant les agrandissements excessifs ou encore la sous-location des terres à des entreprises, prenons garde que nos terres ne soient accaparer par d'autres que ceux qui souhaiteraient s'y installer durablement. Donnons envie aux jeunes de s'installer.»

Le président de JA de l'Oise n'en oublie pas pour autant la nécessaire simplification administrative, «autre obstacle à l'installation» : «Que l'administration s'adapte aux réalités du terrain, qu'elle soit plus réactive et plus cohérente !»

Un voeu (pieu ?) entendu (écouté ?) par le préfet de l'Oise, Jean-Marie Caillaud, qui a rappelé le déploiement dans chaque département d'une mission interservices agricole (Misa) et du contrôle administratif unique. «Un agriculteur n'a pas vocation à devenir un agent de bureau croulant sous les papiers.» Une première étape, mais de nombreux combats restent à mener, selon Régis Desrumaux, président FDSEA, qui prévient : «Les agriculteurs de l'Oise ont des fourmis dans les jambes et nous sommes prêts à retourner au charbon très prochainement. Vous voici prévenus : ici, ça risque de pousser !»

La femme est l'avenir de l'agriculteur

Autre piste esquissée par Marie Carpentier et Gwenaëlle Desrumaux, les deux co-présidentes de l'organisation de cette session, un rapport d'orientation sur les agricultrices : «Au vu de la crise du renouvellement, des jeunes qui se détournent du métier, nous ne pouvons plus nous passer de 50 % de la population. Il y a des clichés à déconstruire, des comportements à changer, des dispositifs à adopter. Ainsi, bien que les Services de remplacement fassent un travail formidable, les agents de remplacement se font rares et un vrai congé maternité est une utopie. Travaillons à des solutions pour concilier vie professionnelle et vie personnelle et faisons des femmes la clé du renouvellement des générations, ont-elles argumenté. Notre profession, si souvent caricaturée comme arriérée, se retrouverait à la pointe du progrès sociétal.»