Des résultats en hausse, mais des inquiétudes sur l'avenir
Une enquête a été menée auprès des chefs d'entreprise des Hauts-de-France sur le bilan de l'année 2022 et les perspectives pour 2023. Les résultats ont été rendus publics le lundi 6 février. Focus sur le secteur de l'agriculture.
La Chambre de commerce et d'industrie Hauts-de-France s'est associée à la Banque de France ainsi qu'aux Chambres de l'agriculture et des métiers et de l'artisanat pour mener des enquêtes de conjoncture sur le bilan de l'année qui vient de s'écouler et les perspectives de l'année en cours. «Il était intéressant d'étudier ces chiffres, débute Philippe Hourdain, président de la Chambre de commerce et d'industrie des Hauts-de-France. Aujourd'hui, il est difficile de se projeter car nous sommes dans une polycrise, ce n'est plus une question de résilience, les entreprises doivent vivre au milieu d'une crise qui est permanente.» Une conjoncture difficile.
Même constat pour Laurent Degenne, le président de la Chambre régionale d'agriculture, «notamment à cause du conflit entre l'Ukraine et la Russie, qui sont deux puissances céréalières, ainsi que la sécheresse sans précédent que nous avons connue en 2022. La guerre en Ukraine est venue déstabiliser les productions de la région. On sent qu'il y a une attente de nos productions et qu'un défi doit être relevé. Mais en même temps, les engrais ont augmenté. Il y a un manque de repères pour les agriculteurs. D'autant que dans le secteur de l'agriculture, nous sommes sur un temps long : la frite que nous mangerons dans cinq ans est actuellement en plant.»
Pour l'année 2022, la valeur de la production de la Ferme France a grimpé de 17,4 % : «Il y a eu moins de volumes, mais cela a été compensé par une augmentation des prix à cause de la guerre en Ukraine», explique Pascale Nempont, chef de service Stratégie et prospective à la Chambre d'agriculture. 78 % des agriculteurs interrogés jugent leurs résultats bons ou plutôt bons en 2022. «Mais il faut relativiser ces chiffres car ils témoignent du sentiment de ceux qui sont interrogés et les plus impactés n'ont parfois par le cœur à répondre», nuance Pascale Nempont. 64 % des agriculteurs ont d'ailleurs indiqué être incertains sur leur avenir. Ces derniers sont notamment préoccupés par la hausse des charges : «Il y a la hausse du coût de l'énergie mais également du coût des engrais», a rappelé la cheffe de service. D'autant que pour 2022, la plupart des agriculteurs s'étaient approvisionnés avant l'augmentation des prix des engrais, l'effet ciseaux sera donc à observer plus particulièrement en 2023.
Variable d'ajustement
Un autre point d'inquiétude pour les agriculteurs est l'évolution des prix de vente. En effet, avec l'inflation, un ménage sur deux envisagerait de réduire ses dépenses et l'alimentation sert souvent de variable d'ajustement. «Les consommateurs doivent faire des choix et le poste alimentaire est généralement sacrifié. Il y a une baisse des achats qui se fait au détriment des produits premium comme les produits bios. Avant le Covid, on assistait à une augmentation de la consommation de ces produits. Au moment du Covid, les produits locaux ont été privilégiés aux produits bios et l'inflation pourrait, une nouvelle fois, mettre un frein aux produits bio.»
Pascale Nempont a également pointé du doigt le déficit des échanges de produits agricoles et agroalimentaires en Hauts-de-France. Sur les trois premiers trimestres de 2022, on observe un déficit de 750 millions d'euros dans ce domaine. «Nos produits bruts à l'export restent compétitifs, mais nous manquons d'outils pour garder la valeur ajoutée dans la région, notamment dans les secteurs de la pêche, de la viande ou encore de la bière.» Et le président de la Chambre d'agriculture d'ajouter : «Nous avons une partie à jouer sur l'économie.»
Mais ce ne sont pas les seuls enjeux qui attendent les agriculteurs : 63 % d'entre eux s'estiment préoccupés par l’évolution des exigences réglementaires comme l'application de la nouvelle Pac, la stratégie bas-carbone, les retraits des solutions sanitaires, l'accès à l'eau, mais aussi les normes industrielles appliquées aux élevages. Malgré ces interrogations, l'enquête révèle que les agriculteurs restent prêts à investir, notamment en matière de transition énergétique et agroécologique. Et Philippe Hourdain de conclure : «L'économie, c'est la confiance. J'ai participé aux vœux des différentes instances au mois de janvier et j'y ai rencontré des agriculteurs et des chefs d'entreprises combatifs. Il faut donc avoir confiance, nous allons nous en sortir !»
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