Des questionnements sur l’avenir du conseil
Crise du Covid-19 mais aussi avenir de l’activité de conseil en élevage ont animé les discussions lors de la dernière assemblée générale de la coopérative Avenir conseil élevage (ACE).
Ce n’est évidemment pas une surprise, et de nombreux éleveurs comme les structures d’accompagnement l’ont vécu comme tel : l’année 2020 aura été incontestablement marquée par la pandémie de Covid-19. Du côté de la coopérative Avenir conseil élevage, l’une des conséquences les plus visibles de cette crise a d’abord été un arrêt de l’activité des techniciens au début de la pandémie. Comme de nombreuses autres entreprises, ACE a été pris de court en mars-avril, «faute d’équipements de protection pour les éleveurs et les salariés», y explique-t-on. Conséquence, la quasi-totalité des salariés a dû être mise au chômage partiel avec télétravail lorsque cela était possible. Pour la coopérative, «cet événement inédit a perturbé la conduite à bonne fin des contrats conclus avec les éleveurs, mais a aussi démontré les capacités d’adaptation et de réactivité des équipes d’Avenir conseil élevage face à un contexte stressant et riche en incertitudes».
Concrètement, la reprise des pesées à partir de fin avril après une interruption de six semaines s’est faite progressivement tout au long du mois de mai, a rappelé la présidente d’ACE, Estelle Mulet. Et de poursuivre : «À partir de début juin, la reprise a été quasi générale et, dès lors, de gros efforts ont été accomplis jusque fin décembre par l’équipe ACE afin de rattraper les pesées non réalisées tout en respectant un écart entre pesées acceptable par les éleveurs.» Pour en arriver à cette situation, et honorer les contrats, il aura fallu que les agents de pesée acceptent «de travailler certains jours fériés et de réduire leurs congés d’été. Des conseillers ont été appelés en renfort à chaque fois que nécessaire», détaille-t-on chez ACE, avec satisfaction et professionnalisme.
Accompagnement global
Ainsi donc, si l’année 2020 a été «particulièrement éprouvante» en raison de la Covid, elle n’a cependant pas empêché les élus de la coopérative de travailler à l’écriture d’un nouveau projet stratégique. Après être passé d’organisme de contrôle laitier à celui d’organisme de «conseil en élevage», ACE veut franchir une étape supplémentaire. Pour Estelle Mulet, cette étape a un nom au service d’une ambition : faire d’ACE le «bras droit des éleveurs dans leurs projets». Pour l’éleveuse installée à Sains-Richaumont (02), compte tenu «de l’évolution constante et profonde des besoins des éleveurs, qui dépassent l’objectif premier de l’amélioration de la productivité du troupeau, pour viser l’amélioration de l’efficacité économique de l’élevage et, plus globalement, désormais la conduite à bonne fin des projets dans toute leur diversité», le rôle d’ACE doit être «d’accompagner les éleveurs dans leurs projets à 360° : techniques, économiques, humains, et projets d’évolution dans toutes leurs dimensions». Cela doit se traduire notamment par «l’accompagnement personnalisé des projets des éleveurs», et «plus de services vendus».
Mutualisation des outils
Pour parvenir à cet objectif, ACE entend s’appuyer sur des collaborations déjà engagées avec d’autres organisations. Et Estelle Mulet de citer en exemple l’entrée «réussie» depuis 2019 d’ACE dans Breedertech, une entreprise créée par Eilyps, l’entreprise de conseil en élevage bretonne de l’Ille et Vilaine, et son homologue des Deux-Sèvres, Saperfel. Pour chacune des parties prenantes, cette collaboration permet d’abord de partager un même système d’information, d’en accélérer les nécessaires évolutions tout en maîtrisant les coûts, mais aussi de garantir à chacun son indépendance, sans remise en cause de l’activité de conseil.
De l’amélioration de l’alimentation à la reproduction, ce qui va arriver en 2021
Que ce soit seule, ou grâce à des partenariats avec d’autres structures professionnelles intervenant en élevage, ACE investit dans le développement et l’amélioration des services proposés aux éleveurs. Lors de son assemblée générale, la coopérative a présenté cinq de ces chantiers pour 2021. Le premier de ces chantiers consiste à poursuivre le développement d’indicateurs permettant de mieux valoriser les données des acides gras présents dans le lait, l’équilibre alimentaire des vaches en production, et d’évaluer l’efficacité de la ration et son impact sur la production et la reproduction. Pour ACE, qui a débuté ce travail en 2020, il s’agit ainsi d’enrichir la palette des indicateurs fournis via l’échantillon de lait prélevé lors de la pesée MPI.
Toujours en matière de conseil en alimentation, ACE doit procéder courant 2021 à l’intégration de Rumin’AL dans les outils qu’elle utilise. De quoi s’agit-il ? Rumin’AL est développé au niveau national par les entreprises de conseil en élevage en partenariat avec l’Inra et apporte des notions complémentaires comme la balance protéique ruminale (BPR), le niveau d’ingestion, l’efficacité variable des PDI... Il intègre la nouvelle conception de valeur des aliments selon la ration. Rumin’AL calcule la capacité d’ingestion en fonction des apports azotés, les réponses des animaux aux variations de la ration, les flux de nutriments et la production de méthane. À la clé, ACE vise l’amélioration de la personnalisation des éditions et de la valorisation des données de l’élevage, ce qui devrait améliorer la qualité du conseil en alimentation.
ACE travaille à la conception de plusieurs outils d’aide à la décision pour améliorer la valorisation du maïs semé. Comme chacun le sait, «la valeur alimentaire de l’ensilage de maïs proposé à l’animal résulte de la combinaison de toutes les étapes de culture, du semis à la conservation au silo», rappelle-t-on chez ACE. Or, si la date de récolte est capitale et qu’ACE propose chaque année des analyses de MS quelques semaines avant les ensilages, un des leviers d’amélioration de la valorisation du maïs est la prise en compte de la somme des températures et la pluviométrie. Ceux-ci permettent, en effet, de prédire la date optimale de récolte. D’autre part, partant du constat selon lequel une mauvaise conservation peut compromettre les résultats de production du troupeau, ACE annonce mettre au point un outil de diagnostic basé sur des mesures physiques du tas, afin de déterminer les leviers d’amélioration et les gains économiques possibles.
En matière de reproduction et de suivi du troupeau, deux innovations viennent ensuite compléter la feuille de route d’ACE en 2021. La première est l’enrichissement du suivi de gestation. Si ce service existe depuis 2018 avec l’analyse Gestatest qui permet de confirmer la gestation d’une vache en lactation, un nouveau protocole permet d’automatiser l’analyse sur certains animaux. Les éleveurs peuvent ainsi bénéficier d’un suivi automatisé de leurs vaches en lactation. Enfin, Avenir conseil élevage mène actuellement des travaux pour optimiser l’intérêt d’une telle technologie en élevage. Des expériences ont été menées en stabulation et au pâturage. Les dernières évolutions technologiques devraient permettre de mesurer énormément de paramètres complémentaires : température, caméra intelligente avec identification...
En 2019-2020, plus de lait produit par hectare
D’après les chiffres livrés par ACE lors de sa dernière assemblée générale, les résultats marges brutes (MB) de la campagne 2019-2020, mettent en évidence la poursuite de l’augmentation des volumes produits : + 65 000 l de lait en moyenne. La stabilité des charges aux 1 000 l et l’augmentation de la valorisation du lait de plus 10 E/1 000 l relèvent la moyenne des marges brutes à 224 E/1 000 l, meilleur résultat des cinq dernières années. Malgré l’hétérogénéité des récoltes fourragères, leur valorisation a permis de produire 600 l de lait supplémentaire par hectare réservé à la production laitière comparé à l’année précédente. C’est également la meilleure année de production à l’hectare des cinq dernières années, hissant ainsi la marge par hectare de surface fourragère principale (SFP) corrigée à plus de 2 600 E.
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