Le moins que l'on puisse dire, c'est que le travail ne lui fait pas peur et que c'est à sa forte détermination qu'Océane Le Métayer doit aujourd'hui d'être en CDI (contrat à durée indéterminée) à la coopérative Agora, sur le site d'Amblainville, tout en continuant ses missions d'agent du Service de remplacement, essentiellement des traites le week-end.

Car rien ne prédestinait Océane à une carrière dans le secteur agricole. Elle est en effet née à Conflans-Sainte-Honorine (78), sa mère était préparatrice en pharmacie et son père carrossier peintre.

«Quand j'étais petite, mon père m'emmenait voir les chevaux et il m'a transmis cette passion, au point de vouloir en faire mon métier. Comme j'étais bonne élève, il a fallu que que je bataille contre mes parents et mes professeurs pour suivre une filière agricole. J'ai quand même continué au lycée général et obtenu un bac ES (économie et social) mais, dès ma majorité, j'ai enfin pu suivre ma voie», confie-t-elle.

Elle s'inscrit alors à la Maison familiale et rurale de Coqueréaumont (76) pour un BTS (brevet de technicien supérieur) Acse (analyse, conduite et stratégie de l'exploitation agricole) en apprentissage. Elle rencontre des difficultés à trouver un maître de stage car, non issue du milieu agricole, elle ne sait rien faire sur une exploitation agricole. «Mais Louis Baclé, agriculteur à Saint-Quentin-d'Auteuil, a accepté de me prendre comme apprentie et m'a tout appris de l'élevage laitier. Mais pas seulement. J'ai appris le travail en plaine, labourer, déchaumer, semer, toute la partie gestion ainsi que les soins aux animaux. Il y avait beaucoup à faire», se souvient-elle.

Diverses expériences

Elle poursuit ensuite son cursus scolaire pendant un an, toujours à la MFR de Coqueréaumont, par une licence professionnelle MOA (management des organisations agricoles), en apprentissage à la coopérative Agora, sur le site d'Amblainville. Elle y découvre les fonctions de magasinier, chef de silo pendant la moisson et accompagne les technico-commerciaux.

Parallèlement, elle s'inscrit comme agent au Service de remplacement de l'Oise, où elle effectue plusieurs traites par mois, une façon de gagner de l'argent, tout en gardant un contact avec les animaux, un aspect qui lui plaît beaucoup.

Elle enchaîne ensuite, avec plus ou moins de bonheur, des CDD (contrat durée déterminée) dans plusieurs coopératives, où elle effectue souvent des tâches ingrates. Elle effectue également un remplacement d'un mois sur une exploitation agricole laitière dans le pays de Bray, puis retourne chez Agora, toujours à Amblainville, pour un CDD de 3 mois renouvelable.

Après quelques rebondissements, elle sera finalement embauchée par la coopérative en CDI en novembre 2020. Depuis, son poste a évolué et la voilà aujourd'hui agent de dépôt à 80 % de son temps et assistante commerciale à 20 %.

Depuis le début de la moisson cette année, pour remplacer une absence, elle assume la responsabilité du silo de Jouy-sous-Thelle, avec deux salariés saisonniers, où elle réceptionne les livraisons des adhérents, parfois jusque tard quand la météo annoncée pluvieuse le lendemain le justifie.

À presque 25 ans, qu'elle fêtera fin août, malgré son CDI, Océane continue ses missions au Service de remplacement, le week-end, pour un complément de salaire nécessaire. «J'ai pu réaliser mon rêve en m'achetant un cheval, mais je dois payer la pension, ce qui est assez coûteux. Au delà de l'aspect financier indispensable, réaliser des traites me permet de continuer à travailler avec des animaux, ce qui a toujours été ma motivation depuis le début», confie-t-elle.

Habitant Gisors, elle parcourt ainsi souvent des kilomètres pour se rendre à Saint-Aubin-en-Bray, Ons-en-Bray ou Rochy-Condé, sur des exploitations laitières où elle intervient régulièrement pour la traite. «Je travaille deux ou trois week-ends par mois, selon le calendrier des concours hippiques auxquels je participe». Car le cheval reste sa grande passion et elle s'investit même dans l'organisation d'événements hippiques comme à Villers-Vicomte.

Gagner au concours des agents de remplacement

Quand tombe l'annonce d'une deuxième édition du concours national des agents des services de remplacement avec des sélections régionales, le Service de remplacement de l'Oise et ceux des autres départements se mobilisent car, en 2022, ils n'avaient pas pu constituer à temps une équipe Hauts-de-France.

«C'est lors de la réunion de fin d'année que Françoise Cacan nous a proposé de participer à la sélection régionale. Je n'étais pas trop tentée au départ, je l'avoue. En mai, j'ai suivi un stage de contention bovins, un entraînement au concours en quelque sorte. Ça m'a décidé, j'ai donc fait partie de l'équipe. J'étais inscrite dans trois catégories du concours : contention des bovins, reconnaissance de graines et prise de consignes», explique Océane.

C'est à Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, pendant les Journées régionales de l'herbe les 15 et 16 juin dernier, que le concours au niveau de la région Hauts-de-France s'est déroulé. Plusieurs équipes départementales étaient inscrites et les épreuves ont eu lieu pendant les deux journées de l'événement.

«Pour la contention des bovins, je suis passée après une vingtaine de participants. Les vaches étaient passablement énervées d'avoir été plusieurs fois manipulées et je me suis dit que je n'avais aucune chance dans de telles conditions», raconte Océane. Mais, à sa grande surprise, elle remporte l'épreuve !

«Je suis très fière, même si, au début, participer ne m'emballait pas. Je me suis prise au jeu et je suis maintenant inscrite au le concours national dans deux épreuves : contention-manipulation d'animaux et prise de consignes en équipe.»

D'ici là, Océane aimerait avoir quelques possibilités d'entraînement, notamment en ovins.

Elle imagine, pourquoi pas, monter sur le podium ! Que ce soit en saut d'obstacles ou en contention d'animaux, faire du bon boulot et être reconnu pour cela, voilà qui fait toujours plaisir !