L'Oise Agricole 06 mars 2025 a 07h00 | Par FM

Des inquiétudes face à une hausse des prix des engrais russes

Comme les eurodéputés et les organisations agricoles, les ministres de l’Agriculture craignent une hausse des prix des engrais. Et les mesures contre les importations russes proposées par la Commission européenne ne devraient pas arranger la situation.

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- © Pexels/Matt Jerome Connor

Quelques semaines après la publication de la proposition de la Commission européenne visant à augmenter les droits de douane sur les importations d’engrais azotés de Russie (et du Bélarus), la question de l’approvisionnement de l’UE à un prix abordable est source d’inquiétudes chez une majorité d’États membres.

À l’occasion d’un échange de vues sur la situation des marchés agricoles, le 24 février au Conseil Agriculture, les délégations ont souligné la nécessité de faire preuve de prudence. Sept ministres auraient même mentionné les sanctions contre la Russie et le Belarus comme un possible facteur d’augmentation des prix sans pour autant remettre en cause leur principe.

Selon toute vraisemblance, la France a demandé une étude d’impact concernant la mise en place de ces droits de douane tandis que l’Italie aurait indiqué que ces mesures pourraient faire plus de mal que de bien au secteur. Un sentiment qui fait écho aux inquiétudes exprimées le
19 février par les eurodéputés de la commission du Commerce international, mais également à celles des organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca).


Demandes agricoles
Dans un papier de position adopté à l’occasion de la réunion de son Praesidia et publié le 25 février, le Copa-Cogeca estime que ce sont les agriculteurs européens qui devront faire face aux conséquences économiques de ces décisions. Le principal lobby agricole européen appelle donc la Commission européenne à supprimer les droits d’importation sur les engrais en provenance de pays tiers autres que la Russie et le Bélarus, mais aussi à accorder des dérogations à la limite fixée par la directive Nitrates pour les fumiers transformés.

Le Copa-Cogeca souhaite également un report d’un an de l’entrée en vigueur de la mesure, la limitation des sanctions aux seuls engrais azotés et l’augmentation des quotas d’importation basés sur les niveaux d’avant-guerre. Par ailleurs, le règlement proposé devrait être «limité dans le temps et révisé chaque année». Pour assurer une meilleure protection du secteur, des mesures de sauvegarde fiables et automatiques lorsque les prix des engrais dépassent les niveaux de référence sont mentionnées. Enfin, les deux organisations exhortent la Commission européenne à mener «une véritable analyse d’impact».


Saisir l’opportunité
Mais Bruxelles se veut confiante. À l’issue de la réunion du Conseil Agriculture, le commissaire Christophe Hansen a rappelé que l’augmentation des droits sur les engrais russes serait graduelle pour limiter l’impact sur les marchés agricoles de l’UE. Dans le détail, cette augmentation progressive des droits de douane sur les engrais débuterait à 40 ou 45 euros par tonne (€/t), selon le type d’engrais, pour aller jusqu’à un droit additionnel prohibitif pouvant s’établir jusqu’à 315 € ou 430 €/t trois ans après le début de l’application des mesures. Le Luxembourgeois estime, en outre, que ces mesures représentent une opportunité pour stimuler la production dans les États membres. À ce titre, il a cité l’exemple des engrais Renure.


Il faut dire que la Russie est une des principales sources d’approvisionnement de l’UE en engrais. Selon les données de la DG Agriculture, en 2024, les importations totales d’engrais en provenance de Russie se sont établies à près de 2,2 milliards d’euros (Md€), soit environ 25 % du total de l’UE
(8,8 Md€). Et concernant les engrais à base d’azote, cela grimpe même à approximativement 27 %. Au-delà de la production interne, se pose également la question de la diversité des sources d’importation. Des pays comme l’Algérie ou l’Égypte, autres sources importantes d’engrais azotés, devraient voir leur rôle s’intensifier dans les mois et années à venir.

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