Des éleveurs laitiers picards en route vers le bas-carbone
Douze agriculteurs de l'Oise, membres de l'association Cernodo, se forment pour atteindre la labellisation bas-carbone. Un sujet qui fait partie des priorités de Vivea.
4 600 t eq CO2 économisées d'ici cinq ans, soit 23 millions de km parcourus en diesel. À la clé, 138 000 E de crédits carbones espérés, et une meilleure résilience des exploitations. Le défi que se lancent douze éleveurs laitiers de l'Oise, membres de l'association Cernodo (structure de développement au service des agriculteurs et acteurs agricoles du Nord-Ouest du Département de l'Oise) est ambitieux. Ce 7 février, Vincent Yver, leur animateur de groupe, leur donnait rendez-vous pour une restitution des diagnostics CAP'2ER et des plans carbones réalisés dans chaque ferme. «La formation d'aujourd'hui est une étape clé. On va pouvoir se situer. Voir où est notre curseur d'émission de carbone par rapport aux autres. Notre travail collaboratif nous permet d'avancer», acquiescent les agriculteurs.
Cette formation s'inscrit en fait une continuité du travail engagé. Pour les adhérents du Cernodo, la demi-journée est gratuite, grâce notamment à un crédit de 40 E par heure et par stagiaire financé par Vivea, le fonds d'assurance formation pour les entrepreneurs du vivant. «C'est tout à fait le type de formation que nous voulons développer jusque 2024. Elle s'inscrit dans une de nos priorités, qui est de préserver l'environnement, le climat et le bien-être animal», commente Élise Féron, conseillère formation Vivea en Picardie.
Pour les agriculteurs, ce cycle de formation répond à plusieurs besoins. «Pour moi, l'école est loin, et les pratiques évoluent. Si on veut être bon techniquement et économiquement, il faut se former», assure Romain Petit, associé du Gaec Petit à Mureaumont, près de Formerie, avec 150 VL et 170 ha de SAU. Pourquoi s'être engagé dans le bas-carbone ? «C'est une manière de répondre aux attaques que l'on subit. On nous taxe de pollueurs, et nous, on manque de chiffres et d'arguments pour nous défendre. Dans cette démarche, je me sens légitime. Il en va aussi de notre responsabilité de réduire notre impact environnemental.» Pour le groupe, le bas-carbone est également une réflexion globale de l'exploitation. «En réduisant le bilan carbone, on améliore nos résultats économiques, car on replace la technique et l'agronomie au centre du fonctionnement de l'exploitation.»
Un travail de longue haleine
Pour ce groupe de «pionniers» du stockage et de la réduction des émissions de carbone, l'accès aux crédits carbone n'est cependant pas simple. «Ils ont entamé leur démarche il y a plusieurs années déjà, au sein du GIE Synergie cultures-élevage, et ont beaucoup progressé. Or, les crédits carbones sont attribués sur leur progression à partir d'aujourd'hui. Il va falloir aller gratter pour s'améliorer encore», confie Vincent Yver. Une multitude de leviers sont actionnés pour cela : alimentation, avec l'optimisation de l'apport de concentrés, un objectif d'autonomie protéique, une amélioration du rendement et de la qualité de l'herbe, la réduction de l'âge au premier vêlage, l'optimisation du volume de lait produit par vache... En plus des 138 000 E de crédits carbones via l'association France Carbon Agri, le groupe espère démarcher les acteurs locaux. L'objectif label bas-carbone, lui, reste un travail de tous les jours.
Vivea, «facilitateur de développement de compétences»
Voilà vingt ans que Vivea, le fonds d'assurance formation pour les entrepreneurs du vivant, aide les chefs d'entreprises agricoles à développer leurs compétences et faire évoluer leurs pratiques. Une dynamique vertueuse, dont beaucoup ne profitent pourtant pas.
«Se former, c'est investir dans la pérennité de son exploitation.» Guillaume Seguin, président du comité territorial picard de Vivea, en est persuadé. Avec vingt ans d'existence, le fonds d'assurance formation des entrepreneurs du vivant est désormais bien implanté dans le paysage de la formation agricole.
Pour les chefs d'entreprises agricoles, c'est un vrai atout. «La contribution moyenne des professionnels, via leurs cotisations MSA, s'élève à 100 E environ. Cela leur ouvre des droits à la for-mation de 2 250 E chaque année, hors bilan de compétences», note Guillaume Seguin. Pour autant, dans le territoire picard, environ 18 % des chefs d'entreprises agricoles ont profité de ce crédit, soit un peu plus de 3 600 participants, à 44 000 h de formation. Les crédits non utilisés, eux, sont perdus pour le territoire. «Notre observatoire nous permet de dresser le profil des formés. Il s'agit de personnes de moins de cinquante-cinq ans surtout. Les hommes sont demandeurs de formations techniques, alors que les femmes s'investissent davantage dans la gestion humaine et l'organisation du travail», précise Marina Rigny, déléguée de la délégation Nord-Ouest de Vivea.
Des priorités ciblées
Pour inciter davantage à se former, les formations proposées doivent répondre à un vrai besoin. «Une des missions de Vivea est justement d'orienter l'offre de formation. Nous élaborons des appels d'offres spécifiques sur lesquels les prestataires de formation peuvent se positionner. Les prestataires de formation qui souhaitent proposer des formations sur ces thèmes doivent répondre aux critères des cahiers des charges», note Marina Rigny.
Pour 2021-2026, le plan stratégique s'articule autour de cinq axes : conforter la position du chef d'entreprise, créer de la valeur, préserver l'environnement, le climat et le bien-être animal, améliorer l'efficacité et la qualité de vie au travail, et déployer les solutions digitales. En Picardie, une des missions d'Élise Féron, nouvelle conseillère, est d'ailleurs d'analyser les besoins en formation. «Les métiers sont en forte mutation. Nous devons répondre à des besoins de montée en compétences de plus en plus poussées», assure-t-elle.
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