Des échanges tournés vers l’avenir
Ce mercredi 27 novembre a eu lieu l’assemblée générale de l’Union régionale des groupements de producteurs de porcs (URGPP) et de l’Interprofession porcine Nord-Picardie (InterPorc) au sein de la cité de l’agriculture à Saint-Laurent-Blangy. Ce ne sont pas moins de 85 participants qui se sont déplacés pour assister à cette journée.

Les assemblées statutaires des deux structures se sont tenues durant la matinée. Elles ont été suivies d’un focus sur la production porcine dans les Hauts-de-France ainsi que sur l’ensemble des actions menées par InterPorc et l’URGPP. Celles-ci sont variées. Les deux structures mènent notamment des activités de communication pour faire connaître la filière à tous ; notamment grâce à la promotion du métier d’éleveur de porcs, au repérage et à l’accompagnement des porteurs de projets ou des éleveurs cédants lors d’une installation ou d’une transmission d’une exploitation porcine. L’URGPP-InterPorc assure également le suivi de tous les dossiers d’actualité tels ceux portant sur l’environnement, le sanitaire ou encore le bien-être animal et gère la base de données d’identification et de traçabilité BDPorc pour la région Nord.
L’assemblée générale a permis de présenter en détails le dispositif d’aide aux investissements en matière de biosécurité financé par la Région Hauts-de-France. Jean-Michel Serres, président de la commission agricole du Conseil régional des Hauts-de-France, est intervenus sur le sujet.
La matinée s’est conclue avec l’intervention de David Riou, éleveur de porcs dans le Finistère. Son objectif ? Montrer l’importance de communiquer sur son métier auprès du grand public et surtout montrer qu’on en est fier. Référent communication au sein de l’UGPVB (son Union régionale bretonne), il a déjà eu l’occasion de participer à de nombreuses actions et campagnes pour aller à la rencontre du grand public (campagne Le Porc français auprès de l’interprofession porcine nationale Inaporc, Pig Parade, Terres de Jim…). Il n’hésite pas non plus à ouvrir les portes de son exploitation et encourage les éleveurs à faire de-même afin de recréer le lien entre les producteurs et les consommateurs. En début d’après-midi, Elsa Delanoue, sociologue auprès des instituts techniques (Ifip, Idele, Itavi) est intervenue sur les controverses autour de l’élevage en France. Les études qu’elle a menées ont abouti aux résultats suivants. On note quatre désaccords principaux autour de l’élevage :
- l’environnement : quels impacts des activités humaines sur les milieux naturels ?
- la condition animale : comment sont élevés les animaux ?
- le sanitaire : quel est l’impact de la production animale sur la santé ?
- la notion socioéconomique : les modèles de développement (système intensif, concentration géographique…).
Depuis les années 2010, c’est la controverse autour de la condition animale qui est au cœur des actualités. Elle oppose les acteurs du monde agricole aux acteurs du monde associatif. Parmi ces derniers, on distingue, entre autres, les Welfaristes, qui ne militent non pas pour un arrêt de l’élevage, mais pour une amélioration des conditions de vie des animaux et les abolitionnistes qui souhaitent la fin de l’élevage.
Lors d’un sondage réalisé en 2016 dans le cadre du projet Accept dont Elsa fait partie, les résultats ont montré que bien que la controverse autour de la condition animale soit un sujet actuel, seul 2 % de la population ne consomme pas de viande (dont 0,1 % de vegan). Les consommateurs n’envisagent pas l’arrêt total de leur consommation de viande, mais tendent à la diminuer : le flexitarisme est un régime qui prend de l’ampleur. Néanmoins, 66 % de la population ne pense ni réduire ni cesser sa consommation de viande. L’intervention s’est conclue en incitant la profession à faire le lien entre l’humain, l’animal et l’environnement dans les discours. Les citoyens étant attachés notamment aux notions de tradition ou de naturalité, il est important que chaque éleveur montre qu’il s’inscrit dans son territoire, qu’il connaît ses animaux et qu’il a acquis un savoir-faire.
Une table ronde en présence et avec les interventions de David Riou, Elsa Delanoue, Fabrice Didier (responsable filière porc chez Bigard) et Delphine Billod-Morel (directrice de marque Herta Charcuterie) a suivi et clôturé cette journée. Plusieurs thématiques ont été abordées, mais une problématique est particulièrement ressortie : Comment faire évoluer les choses pour que le lien se recrée avec les consommateurs ? Comment communiquer demain à nos consommateurs ? Les réponses sont unanimes de la part des intervenants : il faut être transparent avec le consommateur, lui expliquer pourquoi les choses sont faites, de telle ou telle façon. Pour communiquer, deux stratégies possibles :
- une communication prise en main par les interprofessions porcines. Cette action collective est certes bénéfique ; néanmoins, Elsa Delanoue affirme que «toutes les études montrent que l’agriculteur a la confiance du public.»
- une communication prise en main individuellement par chaque éleveur. Ce type de communication touche moins de personnes en une seule fois. Pour David Riou, «la transparence, elle passe vraiment par les éleveurs. Un éleveur qui parle aura plus de force dans la persuasion qu’un industriel ou qu’un salarié d’entreprise mais, pour ça, il faut aller à la rencontre des gens.»
Les éleveurs et participants à l’assemblée générale étaient tous ravis de ces échanges très positifs et constructifs tournés vers l’avenir.
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