L'Oise Agricole 11 mars 2023 a 10h00 | Par Fabrice Héricher

Des aller-retours vers l'Ukraine par solidarité

En octobre, Anne n'a pas hésité à accompagner son père Abel Caubios, éleveur à Montaner (Pyrénées-Atlantiques), dans le pays en guerre. Leurs amis de Kirivograd en Ukraine les ont alertés dès le début de l'invasion russe sur les besoins de la population.

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Abel est retourné pour la quatrième fois mi-décembre en Ukraine pour livrer les dons récoltés par l'association Solidarité Adour Pyrénées Ukraine Kirivograd.
Abel est retourné pour la quatrième fois mi-décembre en Ukraine pour livrer les dons récoltés par l'association Solidarité Adour Pyrénées Ukraine Kirivograd. - © F. H. - Le Sillon

Sept groupes électrogènes, des vêtements mis sous vide pour gagner de la place, des pelotes de laine, du matériel de cuisine pour préparer des rations à envoyer au front, du matériel médical... Abel Caubios, éleveur de porcs à Montaner (Pyrénées-Atlantiques), s'est demandé s'il réussirait à faire rentrer dans le Master tous les dons récoltés par l'Association Solidarité Adour Pyrénées Ukraine Kirivograd pour les emmener jusqu'en Ukraine. Il est parti le 14 décembre avec un ami, Alain Hery, a traversé l'Allemagne, la Tchékie et la Pologne. À l'approche de l'hiver, difficile de rouler à plus de 70 km/h sur les routes enneigées avec des températures souvent proches de - 15 °C. Ne pouvant pas quitter l'Union européenne avec la carte grise de l'utilitaire de location, ils sont bloqués au poste frontière de Medyka, entre la Pologne et l'Ukraine. Là, ils sont rejoints par des Ukrainiens venus récupérer le chargement qu'ils ont du mal à faire rentrer dans leur véhicule. Ils devront même payer quelque 450 EUR aux douaniers pour éviter un contrôle de surcharge avant de retourner en Ukraine. Retour direct en France après un voyage qu'Abel a trouvé fatigant.

Cette fois-ci, ce sera juste un aller-retour en quatre jours, avec un total de 5.230 km. Il en avait déjà fait plus de 7.500 avec sa fille Anne en octobre, mais là ils étaient allés jusqu'à Kiev. Ils montrent des photos de quelques sites touchés par les frappes russes. Pourtant, pour eux, les Ukrainiens n'ont pas vraiment changé leurs habitudes de vie, en dehors des hommes envoyés au front et des difficultés liées à la flambée des prix sur les produits de première nécessité. De toute façon, les femmes continuent de cultiver leurs potagers et vergers et de s'occuper des animaux qui leur permettent de se nourrir malgré l'inflation.

Une passion de longue date

«Dans les campagnes, il y a le cochon, les légumes. Après, en ville c'est sûr, il y aura des problèmes, les gens qui habitent dans les tours, parce qu'à Kiev, des tours il y en a partout ! Ceux-là, ils vont avoir de gros problèmes alimentaires en ce début d'année» explique Abel. «Moi je trouve que ce qui a changé, ce sont les routes et les jeunes qui ont des téléphones portables», relance Anne. Elle explique que, depuis qu'il est président, Volodomir Zelynsky a développé les infrastructures. La première fois qu'elle y était allée, pour un stage en 2012, : «sur les routes, ce n'était pas des oeufs de poule, mais de dinosaure, des cratères ! Aujourd'hui, les routes sont neuves, sauf les routes secondaires qu'ils voulaient développer aussi, mais avec la guerre, ça ne s'est pas fait».

Car Abel ne s'est pas mobilisé pour l'Ukraine par hasard. Sa passion pour ce pays, qu'il décrit comme plutôt plat et fertile (il a ramené des échantillons de terre qu'il a fait analyser), a commencé en 1997 avec des échanges organisés par l'Unip, le CFA de Montardon et la Région qui venait de subir l'effondrement du bloc soviétique. Abel partira deux fois en 1997 et 2003 pour y dispenser des formations. Puis sa fille Anne s'y rendra en stage en 2012.

Après l'invasion par la Russie, Anne demande des nouvelles le 22 mars dernier et apprend que ses relations là-bas ont besoin de matériel et de véhicules pour transporter les dons jusqu'au front. Abel organise alors un premier voyage en avril, accompagné de Javier Oneca, un ami vétérinaire. Ils laisseront sur place le Traffic avec lequel ils ont voyagé et rentrent en avion. Il crée alors l'association pour faciliter et régulariser les démarches. Il repart en juin avec un deuxième ami, Jean-Michel Péré, en octobre avec Anne, puis en décembre avec Alain Hery, une autre connaissance.

Continuer la mobilisation

Abel ne compte pas s'arrêter là car le conflit n'est pas près de s'arrêter selon lui. La salle à manger de sa mère est déjà pleine de vêtements prêts à partir et il continue de se mobiliser. Il essaie d'alerter les politiques pour trouver quelques subventions. Il faut quand même compter près de . 000 EUR juste pour le carburant nécessaire au trajet. Mais même si les élus aiment se montrer intéressés et être pris en photo avec le président de l'association, les retours se font toujours attendre... Il envisage aussi une collaboration avec l'Association Vesna 64 de Boeil-Bezing (Pyrénées-Atlantiques) qui a déjà affrété un camion en décembre pour l'Ukraine, ou encore de ramener des produits artisanaux de là-bas, comme des billots de boucher, pour ne pas revenir à vide lors du prochain trajet.

Heureusement, Abel peut faire confiance à Pauline et ses autres salariés qui gèrent son exploitation pendant qu'il se mobilise et se déplace pour ses voyages humanitaires. Il est prêt à activer son réseau si des associations sont intéressées pour organiser des soirées sur le thème de l'Ukraine avec, par exemple, un repas typique et son fameux bortsch préparé par Maria et Lesia.

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