L'Oise Agricole 23 août 2024 a 07h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

De possibles difficultés de commercialisation de la récolte 2024

Avec des résultats catastrophiques et des qualités pas toujours à la hauteur, les organismes stockeurs vont devoir travailler le grain et il sera difficile de satisfaire tous les clients, que ce soit en meunerie, en alimentation animale ou à l'export.

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- © Bernard Leduc

«Avec une récolte d'été finale à 293.000 t, Valfrance perd 100.000 t par rapport à 2023, c'est une catastrophe», ne peut que constater Laurent Vittoz, le directeur. Avec 61 q en blé et 58 q en orge d'hiver au lieu de 86 et 75 habituellement, c'est un véritable coup dur pour les agriculteurs du secteur Valfrance.
Et le pire, c'est que le PS (poids spécifique) finit à 73, en deçà de la norme de 76 requise par les clients. «Heureusement, sur les autres critères, nous sommes dans les normes : 13 en humidité, 11,5 en protéine, plus de 300 en Hagberg et pas de mycotoxines. De façon surprenante, les premières mesures de panification sont bonnes, de quoi rassurer nos clients meuniers, eux aussi inquiets», se rassure le directeur. Laurent Vittoz ajoute que le grain ne peut pas être travaillé de façon trop poussée car il reste alors des lots avec des petits grains pour lesquels il faudra trouver un débouché, vraisemblablement en  alimentation animale.
Chez Noriap, dont le secteur de collecte se situe largement plus au Nord et à l'Ouest, le souci principal sera la quantité et moins la qualité. «Avec un travail du grain adéquat, on devrait s'en sortir et donner satisfaction à nos clients car nous sommes très proches des normes. Cette moisson est surtout catastrophique en termes de quantité avec globalement - 20 % en céréales à paille et - 15 % en colza, résume Matthieu Beyaert, responsable collecte. On est au niveau de 2016. Et le marché n'est pas haussier à l'heure actuelle. Les blés français ne sont pas compétitifs à l'export, mais il y en aura moins à vendre sur ce marché cette année.»

Travail du grain
Sur le secteur de l'Ucac, malgré des résultats qualifiés de décevants, les moyennes enregistrées sortent un peu du lot : 63 q en orges d'hiver, 37 en colza, 65 en orges de printemps et 70 en blé, dont les caractéristiques ne sont pas trop éloignées des normes : 74,5 de PS et 11,1 de protéines.
«Ce qui est le plus marquant, c'est l'incroyable hétérogénéité des résultats selon les secteurs de collecte et les agriculteurs», tient à préciser Denis Grison, directeur de la coopérative.
Le travail du grain à venir sera aussi essentiel pour répondre aux besoins des clients. «Le marché s'adaptera inévitablement à la qualité des blés français. Pour les lots de qualité inférieure, l'enjeu sera de ne pas céder à une décote trop importante», prévient Denis Grison.
Enfin, chez Agora, bien que supérieure à celle de 2016, cette campagne est marquée par une grande déception, avec une baisse de collecte de 18 à 20 %, dans la moyenne nationale. Les orges d'hiver pointent à 65 q (- 20 % de la moyenne), le colza à 34 q/.ha (seulement 8 % de moins) et les blés à 68 q (soit une diminution de 19 % par rapport à la moyenne).
«Seul le colza a été moins décevant que prévu, malgré l'état préoccupant des cultures de colza avant la moisson», analyse Thomas Taldir, responsable céréales et logistiques chez Agora.
La qualité et les rendements sont hétérogènes selon les secteurs de collecte de la coopérative et au sein même des exploitations. C'est le poids spécifique des blés qui sera la principale problématique de commercialisation, avec une moyenne de 74,7, en deçà des standards du marché.
«Maintenant que la moisson touche à sa fin, place au travail du grain. Nos équipes dans les silos auront un rôle clé à jouer pour homogénéiser les lots et améliorer le PS. Ce travail sera crucial pour aller chercher la meilleure valorisation possible», conclut le responsable.
Après la déception de la moisson qui va peser lourd dans les fermes, se présente un autre challenge pour les organismes stockeurs : vendre au mieux.

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