David Saelens : «Le revenu des agriculteurs est au coeur de mes préoccupations»
Le conseil d'administration de la coopérative Noriap a élu un nouveau président le mardi 14 décembre. David Saelens polyculteur-éleveur à Offignies (80) succède à Jean-François Gaffet, qui assurait la présidence depuis 2007.

Depuis le 14 décembre, vous êtes le nouveau président de la coopérative et du groupe Noriap. Comment appréhendez-vous cette fonction ?
Je tiens d'abord à remercier Jean-François Gaffet pour la confiance qu'il m'a accordé tout au long de notre parcours commun. Depuis le début de sa présidence jusqu'à aujourd'hui, nous échangions beaucoup. Il est celui grâce à qui Noriap est devenue ce qu'elle est aujourd'hui et je m'inscris dans une forme de continuité. Prendre une fonction comme celle-là se prépare. Cela ne m'est pas tombé dessus. Mais j'attends aussi beaucoup de l'équipe qui est autour de moi.
Que représente pour vous la coopération agricole ?
Il s'agit d'abord d'une organisation économique avec obligation de résultat. Les producteurs adhérents d'une coopérative sont aussi ses actionnaires et c'est pour eux que la coopérative travaille. Son rôle est d'assurer une meilleure valorisation des productions et d'apporter des services.
Comment comptez-vous inscrire cette philosophie dans votre mandat ?
L'adhérent et le revenu des agriculteurs sont au coeur de mes préoccupations. L'un des challenges que nous nous sommes fixés est de recentrer notre attention sur ces sujets. Avec la création d'une commission « vie coopérative », nous voulons nous concentrer sur la façon dont nous pouvons répondre aux questions et attentes de nos adhérents. Notre souhait est aussi de redynamiser les conseils de région, que l'on imagine comme étant des courroies de transmission entre ce qui se passe sur le terrain et la tête de la coopérative.
Dans votre parcours d'agriculteur engagé, pourquoi avoir choisi la coopération agricole plutôt que le syndicalisme ?
Même si les deux ne sont pas incompatibles, je considère la coopération comme la forme aboutie du syndicalisme. C'est d'abord une question d'opportunité. J'ai débuté ma carrière de responsable professionnelle dès mon installation en rejoignant la section « jeunes » de la coopérative Nor-Agro dont Jean-François Gaffet était l'un des responsables. J'ai ensuite été élu administrateur stagiaire de cette coopérative, puis administrateur de la coopérative Noriap, avant d'entrer au bureau sous la présidence de Jean-François.
Avec plus de 800 millions de chiffre d'affaires et une collecte de céréales de plus d'1,3 million de tonnes, la coopérative Noriap a-t-elle atteint un cap ? Que lui reste-t-il à développer ?
Depuis 15 ans, nous avons développé et consolidé financièrement le groupe Noriap, au travers de ses 5 branches d'activité : métiers du grain, élevage et nutrition animale, machinisme, distribution et plus récemment les oeufs. Quand nous avons lancé cette diversification de nos activités, nous avions déjà conscience des limites de notre métier de base. Si l'on s'intéresse à l'exemple du machinisme, nous sommes partis d'une page blanche. Après quelques années, on constate que nous avons réussi le pari de créer une entreprise qui est aujourd'hui un acteur majeur du secteur. Et nous ne nous interdisons pas de nous intéresser à d'autres activités, comme les légumes, les protéines végétales. L'agriculture est en mutation perpétuelle. Nous devons faire en sorte de transformer des contraintes en opportunités. Nous devons pour cela être innovant et nous orientez vers une agriculture différente de celle que nous connaissons aujourd'hui.
La diversification dans l'oeuf est-elle un regret, voire une erreur ?
Je reste convaincu que non, même si les choses ne sont pas simples. Nous avons réaffirmé lors de nos assemblées locales comme lors de l'assemblée générale qu'il s'agit d'une vraie décision stratégique avec des résultats positifs attendus à moyen terme. Nous restons convaincus que cette diversification peut être une opportunité pour certains de nos adhérents. Cela crée aussi un débouché pour nos céréales et, enfin, nous attendons que cela profite au résultat consolidé du groupe Noriap.
Les énergies renouvelables sont-elles un sujet d'avenir pour Noriap ?
Depuis deux ans, nous sommes engagés dans le développement de la méthanisation. Nous sommes par exemple engagés en tant qu'actionnaire minoritaire dans quatre projets de méthaniseur. Et nous avons développé une offre de services.
Comment comptez-vous concilier vos différents mandats, de Novial à Noriap en passant par la Coopération agricole au sein de laquelle vous avez pris la présidence de la section nutrition animale il y a quelques semaines ?
Le travail sur mon exploitation est organisé depuis longtemps de façon à ce que je puisse libérer du temps pour ces différents engagements. Pour être crédible, il faut que l'exploitation tourne. Étant donné que j'exerce des responsabilités dans plusieurs organisations depuis plusieurs années, cela ne créé par de grands bouleversements dans mon quotidien.
Jean-François Gaffet redevient «agriculteur à plein temps»
Après avoir occupé la présidence de la coopérative et du groupe Noriap depuis 2007 jusqu'à mi-décembre, Jean-François Gaffet s'est dit satisfait, en ce milieu de semaine, de passer le flambeau à son successeur. Dans les locaux de la coopérative, mardi, il assurait redevenir «agriculteur à plein temps», et sa volonté de se «tourner vers d'autres choses». Jusqu'à présent vice-président, Luc Vermersch, agriculteur et éleveur à Ville-Le-Marclet (80) devient quant à lui président délégué de la coopérative tandis que Frédéric Dufossé, agriculteur à Bray-Les-Mareuil (80) en devient le vice- président.
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