Croquer la pomme à pleine dent avec les reToqués
Lutter contre le gaspillage, la malbouffe et valoriser les produits locaux, voilà ce qui se mijote dans la tête de Anne-Charlotte Vivant et de son reToqués.

Quelle est votre histoire ?
La réponse qui rassure tout le monde, c'est que je suis ingénieur agronome. Mais ce qui est probablement le plus fondateur dans mon projet, mais aussi atypique, c'est que j'ai passé 13 ans dans une communauté religieuse. Je suis entrée au monastère le lendemain de ma remise de diplôme. Cela ne m'a pas empêchée de travailler au CNRS d'abord, comme prof de bio, d'être gérante de magasins, puis de nouveau comme ingénieur de recherche au CEA. Suite à des soucis de santé, j'ai pris la décision de quitter la communauté il y a un an et demi, et c'est là que je me suis demandé comment être fidèle à mes valeurs tout en étant dans le monde économique. Ma conviction profonde était (et est toujours) que chaque personne et chaque chose ont une valeur que, trop souvent, notre société ne sait ou ne veut pas voir. C'est de cette conviction qu'il était plus urgent de révéler ces valeurs que de créer de la valeur qu'est né le projet des reToqués.
Comment et pourquoi avez-vous créé les reToqués?
Il faut savoir que chaque année, entre 10 et 20 % des fruits cultivés en France sont déclassés en raison de leur calibre ou de leur aspect. Aujourd'hui, ils sont trop souvent rachetés par les transformateurs en-dessous du coût réel de production. Les reToqués sont un projet qui ambitionne de valoriser ces produits et de les associer à un travail de réinsertion sociale, tout en rémunérant équitablement les producteurs.
Au départ, je n'avais aucune idée précise de ce que les reToqués produiraient au début de l'aventure. Ce qu'ils sont devenus, c'est une histoire de rencontres. J'ai contacté des producteurs locaux et les reToqués sont nés suite à l'enthousiasme d'un producteur de pommes local, Alexandre Prot, qui, partageant ma vision du projet, a souhaité m'aider à la monter. Tout est donc parti autour de la pomme.
Autre rencontre importante, celle d'Étienne Villemain, fondateur de l'association Lazare, qui vient d'ouvrir une maison à Vaumoise pour accueillir des anciens SDF qui veulent donner un nouveau départ à leur vie. Trouver un emploi est fondamental, mais terriblement difficile quand on a un parcours de vie cabossé. Pourtant, il y a chez eux aussi tellement de beautés à découvrir que j'ai souhaité m'appuyer sur cette structure et aider à l'insertion professionnelle des résidents.
D'une certaine façon, je crois que nous nous comportons de façon similaire avec les hommes et avec les biens qui nous entourent... Rejetons-nous ou savons-nous apprécier ce qui est «hors-cadre», plus faible ou extérieurement «moins beau» (ou plutôt d'une beauté plus difficile d'accès). Alors s'il y a un cercle vicieux qui conduit à une culture du déchet et à déclasser les hommes et les produits, pourquoi ne pourrait-on pas mettre en place des cercles vertueux pour qui conduiront à une culture de la beauté ? À ma petite échelle, c'est ce que je souhaite faire avec les reToqués.
Quels sont vos produits et comment peut-on se les procurer ?
Je voulais un produit que les consommateurs puissent avoir envie d'acheter indépendamment de sa dimension sociale, donc quelque chose qui se démarque de ce qui est déjà dans les rayons, et qu'on peut fabriquer un jour avec un autre fruit ou un autre légume que des pommes. C'est comme ça que je suis finalement arrivée à imaginer des éclats de fruits déshydratés : les éclats de fruits se veulent des produits sains et simples. À base de pomme déshydratées en version «super sec», ils peuvent se consommer comme en-cas, à l'apéritif mais aussi dans un yaourt, avec des flocons de céréales au petit-déjeuner, comme topping sur une salade... C'est, en quelque sorte, la pincée croquante de fruits à ajouter partout où vous avez envie d'un petit zeste sain. Il n'y a aucun additif, d'aucune sorte, même pas de sel, de sucre ou de matière grasse. Le produit est très léger et se conserve plusieurs mois.
Nous avons aujourd'hui 4 recettes pour le lancement (pomme, pomme orange chocolat, pomme citron pavot, pomme gingembre) mais il n'y a de limites que notre imagination ! Pour se les procurer, il suffit d'aller sur notre site de vente en ligne. Sinon je commence à vendre avec la Ruche qui dit oui, dans des épiceries et chez des traiteurs locaux, mais c'est justement mon enjeu du moment que de trouver des lieux de vente. Avis aux amateurs ! Alors n'hésitez pas à me contacter.
Quels sont vos projets ?
Mon premier objectif, c'est d'assurer la viabilité de cette entreprise naissante pour pouvoir commencer à recruter et avoir un impact significatif. Et si je peux montrer que ça marche dans l'Oise, alors je lèverai des fonds pour pouvoir faire grandir le projet, optimiser la production et travailler avec d'autres fruits et légumes. Mais cela ne se fera pas sans vous !
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