Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre itinéraire au Crédit Agricole Brie Picardie ?

J'ai 60 ans et je suis originaire du Sud de la Seine-et-Marne, de Lorrez-le-Bocage, où je suis à la tête d'une exploitation de polyculture-betteraves sucrières. Je me suis naturellement impliqué au niveau du syndicat betteravier en tant que représentant des planteurs auprès de mon usine, puis au niveau de la CGB. Parallèlement, je suis devenu administrateur de ma caisse locale de Crédit Agricole en1987, puis président en 2000. Dès 2001, je suis devenu administrateur de la caisse régionale qui s'appelait alors la Caisse régionale de la Brie. J'ai donc assisté à la fusion avec la caisse de la Somme dans un premier temps, puis avec celle de l'Oise, pour aboutir à la création de la caisse régionale Brie Picardie. J'y suis responsable de plusieurs commissions et, depuis peu, son nouveau président.

Je suis entouré de deux vice-présidents, Antoine Berthe et Chantal Farce, et j'ai une conception très collective du travail. D'abord, pour une raison toute simple : habitant dans le Sud de la Seine-et-Marne, je suis à trois heures de route d'Amiens et je n'ai aucun problème à déléguer et à me faire représenter pour toutes les sollicitations que je reçois.

Ensuite, avec la crise sanitaire, la caisse a mis en place de nouveaux outils de communication et de travail qui étaient déjà en phase de développement, mais dont la crise a accéléré de façon prodigieuse la généralisation. Les réunions de travail s'opèrent maintenant à distance mais, pour que notre assemblée générale puisse se tenir en virtuel, il fallait que nous modifions les statuts. Notre assemblée s'est donc déroulée à huis-clos en mode restreint, ce qui était permis par contre. Prochainement, avec la modification statutaire, il sera possible de tenir une assemblée en virtuel et même de voter. Mais, si le contexte sanitaire évolue, nous privilégierons toujours le présentiel pour plus de convivialité et d'échanges.

Comment s'est déroulée l'année 2020 ? Quelle est la situation actuelle de la caisse régionale Brie Picardie ?

Elle est en pleine forme ! Et elle a les moyens de sa politique, notamment l'ancrage territorial par ses agences et la formation des collaborateurs qui font la richesse et la qualité de la banque. Notre caisse est reconnue, bien implantée. En 2020, elle a réagi au contexte sanitaire et économique en accordant 3.600 prêts garantis par l'État, en permettant une pause dans les crédits et en participant, en tant que banque mutualiste, à un vaste mouvement de solidarité. Au lieu de baisser les cotisations d'assurance automobile de nos clients, nous avons choisi d'orienter cette somme vers des entreprises qui ont arrêté leur activité pendant le confinement. 8 millions d'euros ont ainsi bénéficié à des entreprises de service, de restauration notamment, qui n'étaient pas assurées contre la perte de chiffre d'affaires dans un contexte de pandémie.

En ce qui concerne les agriculteurs, nous avons entre autres aidé des producteurs de pommes de terre qui n'avaient plus de débouchés pour leur production, la restauration hors foyer étant fermée, ainsi que les betteraviers touchés par la jaunisse. Nous privilégions un accompagnement au cas par cas, qui peut se traduire par une aide à la trésorerie, un report d'annuité ou une pause...

Et puis la numérisation a franchi un cap avec la pandémie. Nos agences sont toujours restées ouvertes, mais nous avons développé de nouvelles façons de travailler avec nos clients, agriculteurs ou pas. Les chargés de clientèle se déplacent, prennent des nouvelles de leurs clients, tous les documents bancaires sont numérisés, les collaborateurs équipés d'ordinateurs portables, nous organisons des réunions virtuelles thématiques pour des groupes de clients. Pourtant, nous continuons à placer le lien humain au coeur de nos relations avec nos clients. Brie Picardie est ainsi 100 % digital et 100 % humain, les deux vont de pair, nous l'avons prouvé en 2020.

Quel est le poids de l'agriculture dans l'activité de la caisse ?

La Caisse régionale Brie Picardie, de par son histoire, est résolument ancrée dans son territoire et liée à l'agriculture. Sur notre secteur, vivent 11.000 exploitations agricoles qui cultivent 1,2 millions d'hectares sur les trois départements, tous à fort caractère agricole. Beaucoup de nos 900 administrateurs de caisses locales sont agriculteurs. Même si les prêts à l'agriculture ne représentent que 524 millions d'euros contre 2.500 pour ceux à l'habitat, notre accompagnement du monde agricole et des mutations qu'il subit est sans faille. Ainsi, nous avons développé de l'expertise afin de répondre à nos clients agriculteurs qui ont des projets de méthanisation ou de passage au bio, par exemple.

Quels sont les axes de développement de la caisse ? Quels projets souhaitez-vous porter en tant que président ?

Nous allons continuer à faire ce que nous faisons bien, l'accompagnement de nos clients dans leurs projets ou leurs difficultés. Nous avons ainsi mis en place des Points passerelle, lieux où nous accueillons des personnes touchées par des accidents de la vie ou qui rencontrent des problèmes financiers. Souvent informés de leur situation par les administrateurs locaux, nous leur proposons une écoute et des solutions adaptées, souvent sous forme de micro-crédits, de coups de pouce ou de ré-étalement de dettes. Nous souhaitons développer cette approche. Ensuite, nous croyons à la plateforme Youzful qui met en relation jeunes en recherche de stage ou de premier emploi avec des entreprises qui recrutent. Nous accélèrerons son utilisation. Autre point, nous souhaitons impliquer plus nos sociétaires dans la vie de leur territoire en leur permettant de placer leur épargne en circuit court pour qu'elle finance l'économie locale. De plus, une carte bancaire permet à nos clients de donner 1 euro par mois, somme que la caisse double. Ces cagnottes ainsi constituées sont distribuées à des projets locaux soumis au vote des sociétaires. Enfin, il s'agit de préparer la banque de demain, sans cesse modernisée et qui réponde aux attentes du client. Avec quatre milliards de fonds propres, nous avons les moyens d'adapter notre circuit bancaire aux demandes de demain. C'est notamment le cas des jeunes clients, très à l'aise avec le digital, mais qui perçoivent vite la nécessité d'avoir un interlocteur réel dès qu'il s'agit d'un premier achat immobilier ou de s'installer en agriculture. Nous serons fidèles à vos valeurs : proximité et numérique à la fois, solidarité et responsabilité.