Congrès de la FDSEA: la force des valeurs collectives
La FDSEA de l’Oise tenait ce mardi 29 novembre après-midi à Bresles son congrès annuel auquel étaient invités les agriculteurs adhérents, pouvoirs publics et représentants politiques.

Ce congrès s’inscrivait dans une conjoncture particulièrement morose pour les agriculteurs. Toutes les productions sont en effet en crise et les réponses apportées jusqu’à présent par les pouvoirs publics apparaissent insuffisantes.
Les responsables de la Fdsea ont retracé au cours de cette réunion le fil de l’actualité de l’année passée. Cette année a été catastrophique pour tous les agriculteurs, rappelait le président Guillaume Chartier : pour les éleveurs dont les filières, surtout en lait et en viande bovine, sont en crise depuis bientôt 3 ans et pour les céréaliers qui ont connu des rendements dramatiquement bas, à cause des conditions météorologiques de fin mai et juin. Et les prix ont été en baisse, alors qu’ils étaient déjà en-dessous des coûts de production.
Année noire donc pour les agriculteurs qui continuent de subir une «crise administrative», avec des procédures excessivement lourdes de déclarations et de contrôles de leurs productions.
Au cours de cette réunion, de nombreuses critiques ont aussi été émises sur la sur-transposition des normes européennes et les distorsions de concurrence, y compris avec les autres pays de l’Union européenne.
Des nombreuses actions syndicales
Les très lourdes difficultés structurelles ou conjoncturelles de l’agriculture ont engendré une activité syndicale dense. La FDSEA s’est mobilisée de très nombreuses fois pour négocier des mesures d’adaptation avec l’administration, ou pour des actions syndicales plus ou moins musclées, dont plusieurs ciblées sur la grande distribution. Car «le réel problème, c’est le partage des marges» disait Thierry Fraiture qui dénonçait une fois de plus l’absence totale de transparence dans les relations avec les transformateurs et les distributeurs.
Ces actions ne sont pas toujours suivies d’effets immédiats, mais la FDSEA observe avec satisfaction l’engouement croissant des consommateurs pour acheter des produits français, bien identifiés.Elle a aussi enregistré de nettes avancées, sur le prix du lait par exemple, à l’issue d’un bras de fer avec le géant Lactalis, ou, dans un autre domaine, sur la décision de la ministre de l’Environnement de retirer son interdiction des traitements phytosanitaires à proximité des lieux habités, des routes, des cours d’eau ou en bordure des bois.
Et le syndicalisme a obtenu une série de mesures pour venir en aide aux agriculteurs, en particulier par la baisse de 10 points des cotisations sociales, par un dégrèvement de 35 % de la taxe sur le foncier non bâti sur toutes les surfaces agricoles, y compris les prairies, et par un pacte de consolidation et de refinancement des exploitations. Avec le regret plusieurs fois exprimé que les banques se sont montrées jusqu’à présent très réticentes pour appliquer ce plan, refusant très souvent le rééchelonnement de la dette ou l’année blanche.
Et des aides ont été obtenues du Conseil régional et du Conseil départemental. Bien sûr, l’ensemble de ces aides ne peut pas compenser les pertes, qui sont très grandes cette année. Mais toutes les mesures sont à prendre, individuellement ou collectivement, pour passer le cap.
Et la FDSEA continue à négocier des mesures d’adaptation avec les pouvoirs publics, mesures jugées insuffisantes.
Guillaume Chartier observait un certain désappointement chez les agriculteurs et, pour la FDSEA, une plus grande difficulté à mobiliser. Il a donc appelé les adhérents à un plus grand militantisme ; il leur a aussi demandé d’exprimer davantage leurs difficultés ou leurs idées, en toutes occasions de rencontres, organisées régulièrement dans le réseau comme lors des élections qui sont en cours pour les délégués communaux ou prochainement, lors des traditionnelles assemblées cantonales.
Le travail collectif a prouvé sa force, il est donc à poursuivre pour gérer à la fois le court terme et préparer des échéances prochaines, dont les élections présidentielles en 2017, ou la nouvelle Pac en 2020, avec la nécessité de relancer le débat sur l’Europe.
Les responsables élus de la FDSEA souhaitent aussi continuer les actions de communication et renforcer les liens avec la société pour promouvoir une agriculture économiquement et durablement performante, structurante sur les territoires. «La solution, c’est d’abord le prix» disait Guillaume Chartier dans son rapport moral. Et un prix, «ça se construit», rappelait-il : il faut donc de continuer de structurer les filières et les interprofessions.
Dossiers en retard
De nombreux sujets ont été évoqués, dont les dossiers calamités suite à la sécheresse 2015 et les retards de paiement des aides Pac et des indemnités pour mesures agro-environnementales 2015 et 2016. Un autre sujet fâche : celui du retournement des prairies, à un taux annoncé excessif tardivement, qui obligerait à une reconversion de certaines surfaces en prairies : une mesure jugée «inadmissible». Autre sujet, Willy Balderacchi a de nouveau regretté la fermeture pour les ovins de l’abattoir de Montidier, privant de fait les éleveurs de l’Oise de la possibilité de valoriser leurs moutons en circuit court.
Par ailleurs, Guillaume Chartier a porté un regard très critique sur l’action de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture «à temps partiel» qui a préféré jouer la division entre agriculteurs, en opposant les modèles.
Après un débat portant sur le thème «Face aux réalités, envisager l’avenir» (voir en page suivante), ce congrès a été clôturé par l’ntervention du préfet, Michel Martin, très au courant des réalités de notre agriculture. Les relations entre la FDSEA et les services de la préfecture ont été très régulières cette année, en particulier suite à la mise en place du plan d’urgence pour l’élevage et à la moisson catastrophique.
Il a annoncé que la charte des bonnes pratiques des contrôles «avance», et a fait le point sur les retards de paiement des aides : pour les aides Pac 2015, toutes les aides surfaces ont été payées, à l’exception de 8 dossiers qui ont fait l’objet de contrôles, mais seront soldés prochainement. Pour les MAE de 2015, leur instruction sera faite début janvier prochain, pour un paiement en mars 2017. Pour les aides Pac 2016, 90 % des exploitations avaient demandé à bénéficier de l’ATR (avance de trésorerie remboursable) et l’ont reçue ; 276 agriculteurs qui n’avaient pas demandé l’ATR ont pu le faire après avoir été contactés individuellement - la demande reste possible jusqu’au 31 décembre - et pourront la recevoir prochainement.
L’instruction des dossiers surfaces a commencé la semaine dernière, a annoncé le préfet, montrant moins d’anomalies que l’an passé ; les services de la DDT mettent tout en œuvre pour que l’instruction de tous les dossiers soit terminée avant le début de la prochaine campagne, le 1er avril 2017. Quant aux MAE et aux aides pour le bio 2016, leur versement est prévu au cours du second trimestre 2017.
Le préfet a rappelé l’ensemble des aides apportées par l’État aux agriculteurs. Parmi celles-ci, une subvention de 65 % du contrat socle sur l’assurance récolte et le dégrèvement de la TFNB, que les bailleurs doivent reverser aux fermiers. Ce dégrèvement représente 5,7 millions d’euros que l’État prend en charge, les communes percevant l’intégralité du produit de cette taxe, rappelait-il.
Enfin, il a évoqué les dégâts de grand gibier et l’effort des services de la préfecture pour demander aux chasseurs d’augmenter leurs prélèvements de sangliers.
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