L'Oise Agricole 11 juillet 2020 a 09h00 | Par Agence de presse

Comptes provisoires de l’agriculture : moins de richesses en 2019

L’Insee a publié, le 3 juillet, les comptes provisoires pour l’agriculture pour 2019. Ces derniers ont été établis sur la base de données et d’informations disponibles au 15 juin 2020.

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Le résultat très négatif résulte en partie des intempéries, notamment
la sécheresse, qui ont impacté les récoltes.
Le résultat très négatif résulte en partie des intempéries, notamment la sécheresse, qui ont impacté les récoltes. - © Pixabay

Derrière les chiffres parfois positifs, se cachent de nombreuses disparités et des situations contrastées en fonction des productions. L’agriculture française a créé moins de richesses en 2019 qu’en 2018, sous l’effet conjugué du recul de la production et de la hausse des charges. L’Insee le concède lui-même : «l’activité décélère de nouveau».

Après deux années de hausse, la contribution de l’agriculture à l’économie française - calculée sous la forme d’une valeur ajoutée brute par actif - s’est repliée de 4,3 % en 2019. La production agricole recule en 2019 de 0,5 % après avoir déjà perdu 1,1 % en 2018. Pis. Le résultat net de la branche agricole par actif non salarié est évalué à - 8,6 %. Et s’il semble gagner deux points par rapport à son estimation de décembre 2019 (- 10,6 %), c’est uniquement sous l’effet de l’augmentation de volume des céréales et de celle du prix des fourrages et des pommes de terre.

Sécheresse

Ce résultat très négatif (- 8,6 %) résulte des intempéries, notamment la sécheresse qui ont impacté les récoltes. C’est le cas du vin dont la valeur de la production de vin se replie fortement (- 15,8 % en 2019 après + 29,0 % en 2018), suite à la baisse marquée des volumes (- 14,1 %) et dans une moindre mesure des prix (- 2,0 %). «Les récoltes de 2019 ont été fortement pénalisées par les conditions météorologiques défavorables et le déficit en eau des sols, après celles exceptionnelles de 2018», explique l’Insee. Et la récolte viticole reste inférieure de 7 % au volume moyen des cinq dernières années. Même les bons rendements du blé, du maïs et de l’orge (+ 14,2 % de volume) ne viennent pas compenser la baisse des prix : - 12,2 % par rapport à 2018.

Les fruits et légumes s’en sortent assez bien (+ 6,6 % en volume et + 5,2 % en valeur). Pour la deuxième année consécutive, les oléagineux perdent 20,6 %, toujours en valeur et la récolte de colza diminue (- 31,5 %) «en raison d’une baisse des surfaces cultivées. En effet, les producteurs se sont détournés de cette culture, suite à la sécheresse de l’année précédente et des attaques des ravageurs», détaille l’Insee.

Le porc a tenu bon

Pour les productions animales, les résultats sont eux aussi très contrastés. En comparaison des ovins, caprins, veaux et bovins, les porcs sont les seuls à tirer leur épingle du jeu : si le volume reste relativement stable (- 0,8 %), le secteur bénéficie d’une hausse des prix de 21,5 % sous l’effet de la très forte hausse des prix mondiaux du porc et des effets du Covid-19 en Chine.

En effet, les cours ont été dopés par la pénurie de viande de porc en Asie provoquée par l’épizootie de peste porcine africaine initiée en 2018. Les demandes de la Chine, du Japon, de Hong Kong et de Taïwan ont été particulièrement dynamiques en 2019. Cependant, toutes les autres productions animales accusent un recul en volume (vo) et en valeur (va).

Les ovins et caprins perdent 1,6 % (vo) et 2,7 % (va), les bovins 1,7 % (vo) et 2 % (va). Les veaux accusent une chute de 5,5 % (vo) et de 10,6 (va). Le lait (+ 0,6 % vo /+ 4,2 va) et les volailles (-1,5 % vo /+ 1,3 va) parviennent à stabiliser la situation.

+ 415 millions pour le commerce extérieur

Sur un plan régional, la valeur ajoutée brute (autrement dit la richesse produite) est en baisse dans huit des treize régions. Quatre d’entre elles, dont trois sont des régions viticoles, se démarquent par un repli très marqué : Bourgogne-Franche-Comté (- 26,6 %) ; Grand Est (- 14,5 %), Nouvelle Aquitaine (- 12 %) et Corse (- 11,3 %). Les évolutions les plus positives de la valeur ajoutée brute se remarquent dans les Hauts-de-France (+ 3,4 %), en Normandie (+ 4,6 %) et surtout en Bourgogne (+ 15,2 %). L’emploi agricole a, quant à lui, poursuivi sa décrue (- 1,5 % entre 2018 et 2019) «avec même une accélération du recul de l’emploi non salarié», note l’Insee. Enfin, «le solde des échanges extérieurs agricoles gagne 415 millions d’euros en 2019 et atteint 2,2 milliards d’euros», note l’Insee.

La hausse des exportations (+792 millions € - M€ soit +5,7 %) est plus forte que celle des importations (+ 376 M€/+ 3,1%). «Elle s’explique essentiellement par la progression des ventes de céréales (+ 443 M€), soutenues au second trimestre par la très bonne récolte de 2019, et de celles de légumes», explique l’Insee.

«Des situations alarmantes» pour la FNSEA

Pour la FNSEA, les comptes provisoires de l’agriculture confirment «le fait que le rattrapage des revenus à peine amorcé en 2017 et 2018, suite à la crise de 2016, n’aura pas perduré. Il révèle des situations alarmantes pour l’année 2019 sur beaucoup de filières, qui cumulent baisse des volumes, baisse des prix, et sont soumises à une augmentation du coût des consommations intermédiaires s’élevant à + 1,2 % en valeur en 2020», explique-t-elle dans un communiqué du 3 juin. Imputant à «la puissance publique (…) une responsabilité majeure, notamment sur le plan budgétaire», elle demande aux autorités d’améliorer la résilience des exploitations agricoles» face aux aléas climatiques, et «d’offrir aux agriculteurs des conditions de rémunération suffisantes».

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