Colloque souveraineté alimentaire: bonne analyse, mais....
Cet évènement, proposé dans le cadre de la Semaine de l'agriculture française par le Conseil de l'agriculture française et le Centre national des expositions et concours agricoles, a été suivi en visio-conférence par de nombreux agriculteurs dont certains de l'Oise. Impressions à chaud.

Globalement, tous reconnaissent qu'il n'était pas facile d'organiser en si peu de temps un tel évènement et que d'un point de vue technique, cela a été une réussite de proposer à tous les agriculteurs de pouvoir suivre une réunion d'intervenants de qualité.
Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, et Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise, saluent le travail en amont de la FNSEA et de JA qui ont su mobiliser autour d'un thème qui, à cause ou grâce à la crise sanitaire, a pris de l'importance dans le débat national : la souveraineté alimentaire.
«La profession agricole peut être fière d'avoir réuni autant de personnalités de premier rang pour ce colloque», se félicite Luc Smessaert. «C'était un défi technique. Réussi. Et parfaitement organisé», renchérit Régis Desrumaux. «Et puis cela a permis de montrer au plus grand nombre comment se passent les discussions au plus haut sommet, alors qu'elles sont en comité restreint habituellement», ajoute Guillaume Chartier, administrateur Fop.
Problèmes identifiés et solutions trouvées
Tous sont satisfaits de l'intervention de Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture. «C'est un ministre qui sait de quoi il parle. Il assume parfaitement bien son rôle de défenseur de la famille agricole», affirme Guillaume Chartier. «Il a bien posé les problématiques», selon Luc Smessaert. «Il a la volonté de faire avancer ses collègues du gouvernement et l'administration», avance Olivier Delignières, trésorier de la FDSEA de l'Oise.
«On peut dire que nous sommes d'accord avec notre ministre sur le diagnostic complet réalisé sur les forces et faiblesses de l'agriculture française et sur les solutions à mettre en oeuvre pour accéder à la souveraineté alimentaire», explique Jean Lefèvre, président de la section communication de la FDSEA de l'Oise.
Les participants sont été sensibles au soutien affirmé du Président Macron au monde agricole, mais ils ont été surpris d'entendre un nouveau vocabulaire dans les bouches gouvernementales : «clause miroir» pour parler de l'article 44 de la loi Egalim, dont le décret d'application se fait toujours attendre trois ans après. Cet article stipule qu'on ne doit pas importer en France des produits alimentaires issus de l'étranger et produits avec des méthodes interdites en France et notamment avec l'usage de produits phytosanitaires interdits sur le territoire national. Un nouveau vocabulaire qui, selon les agriculteurs interrogés, ne vise sans doute qu'à noyer le poisson et reporter le problème.
«Il semble que des avancées soient en vue dans les prochains textes à paraître comme la loi Sempastous, mais on n'en est qu'au stade des bonnes intentions», regrette Jean Lefèvre.
À quand les actions ?
«On a entendu de belles paroles, le Président affirme que personne ne sera laissé de côté», confirme Linda Monnier, directrice de la FDSEA. «François Bayrou a affirmé que la solidarité nationale doit s'exprimer auprès de l'agriculture comme elle le fait sur les retraites ou la santé», rappelle Guillaume Chartier.
«Le Président Macron a rappelé la nécessité d'enlever des normes et contraintes qui pèsent sur l'agriculture, mais comment répondre aux sociétales tout en assurant une juste rémunération des producteurs ? Pas de mesure concrète annoncée. C'est quand même juste pour une fin de mandat», regrette Luc Smessaert.
«Au final, alors que le diagnostic est posé et les solutions trouvées, rien ne se passe. Pas de concret, c'est très décevant. Pendant ce temps, pour les agriculteurs Île-de-France, leur présidente Valérie Pécresse sait investir des sommes considérables», tempète Jean Lefèvre.
«Malgré les avancées que nous semblons percevoir sur l'assurance récolte où l'État doit assumer son rôle de réassureur, on ne voit rien qui puisse changer à court terme la situation des agriculteurs», déplore Régis Desrumaux. «Les décisions tardent à venir», constate Olivier Delignières. «Et puis aucune annonce sérieuse sur la réforme de la Pac, ni sur le plan stratégique national, on pouvait espérer des annonces. C'est décevant», reconnaît Guillaume Chartier. Au final, un exercice réussi sur la forme, mais loin d'être pleinement satisfaisant sur le fond. Ce débat sur la souveraineté alimentaire aura sans doute laissé bon d'agriculteurs sur leur faim. Un comble.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,