Clôtures virtuelles : des expérimentations porteuses d'espoir
Depuis 2020, l'Institut de l'élevage mène des expérimentations pour étudier les effets de l'usage de colliers connectés pour remplacer les barrières.
Les éleveurs pourront-ils un jour se passer de barrières ? Depuis 2020, l'Institut de l'élevage (Idele) mène une expérimentation en ce sens, avec une technologie importée de Norvège. En France, quatre exploitations issues du réseau Digifermes ont été choisies pour tester les clôtures virtuelles : la Digiferme du Mourier en Haute-Vienne (ovin viande), la ferme de Derval en Loire-Atlantique (bovin lait), la ferme des Établières en Vendée (bovin viande) et celle de Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse (bovin viande). «Nous avons mené de multiples essais allant d'une semaine à un mois pour les plus longs, explique Laurence Depuille, chef de projet en élevage numérique à l'Institut de l'élevage. À chaque fois, nous avions un lot d'animaux avec colliers et un lot témoin pour pouvoir comparer et avoir des résultats sur lesquels s'appuyer.»
Un collier GPS connecté
Ces clôtures virtuelles prennent la forme de colliers attachés autour du cou des animaux. Chacun contient un GPS, une batterie et des panneaux solaires permettant de les recharger. L'éleveur dispose d'une application où il définit les contours de sa parcelle de pâturage puis synchronise les colliers choisis. Chaque fois qu'une bête s'approche d'une clôture virtuelle, le collier émet un son aigu avant un stimulus électrique si l'animal n'opère pas un demi-tour. Ce processus peut être répété trois fois. Mais si l'animal s'échappe, les alertes s'arrêtent, l'éleveur est averti et la géolocalisation permet de le retrouver facilement. Des cas rares, selon Laurence Depuille : «On a été impressionné par la rapidité de mémorisation des animaux. Après une phase d'apprentissage de quelques jours, les animaux ne s'approchaient plus des barrières. Par exemple, sur un troupeau de vingt brebis, on ne compte en moyenne que 0,2 stimulus électrique par jour».
Des résultats encourageants
Jusqu'à présent, les expérimentations visaient à analyser les impacts de ce dispositif en termes de production, de comportement des animaux et de valorisation de l'herbe. «Les résultats ont montré que les clôtures virtuelles ne provoquaient pas de changement sur le pâturage, la santé, la croissance et plus généralement le comportement des animaux», résume Laurence Depuille. La prochaine phase d'expérimentation visera à quantifier le gain de temps de travail, d'abord en élevage bovin. Il y a en effet aujourd'hui une réelle attente car les clôtures virtuelles pourraient représenter une économie de temps et de force de travail que nécessitent chaque année l'installation et l'entretien des clôtures. Le système de collier permet une grande facilité de déplacement des clôtures, propice aux systèmes de pâturage tournant. De plus, il peut permettre d'ouvrir de nouvelles zones de pâture, notamment en zones vallonnées où l'installation de clôtures fixes est difficile. «Par ailleurs, la géolocalisation permet d'avoir des informations sur le comportement des animaux au pâturage, mais également de pouvoir les retrouver plus facilement», ajoute Laurence Depuille.
Le prix freine leur développement
Toutefois, les clôtures virtuelles sont tributaires du réseau téléphonique pour pouvoir envoyer des alertes à l'éleveur. C'est pourquoi, il est inenvisageable en zone blanche. De plus, «malgré la recharge solaire, on est tenu par l'autonomie de la batterie qui peut aller d'un à plusieurs mois en fonction du nombre de déclenchements», ajoute la spécialiste. Enfin, certains soulèvent, malgré ces premiers résultats probants, des réserves éthiques liées au bien-être animal. À l'heure actuelle, les systèmes de clôtures virtuelles ne sont pas commercialisés en France. En Norvège, le fabricant Nofence les vend autour de 250 EUR l'unité, auxquels s'ajoute un abonnement journalier permettant l'accès à l'application de 0,30 à 0,60 EUR/animal/jour. Si leur coût élevé risque d'être un frein à leur généralisation, Laurence Depuille esquisse quelques évolutions possibles : «On voit apparaître ces derniers temps de nouveaux fabricants et fournisseurs. Il est possible qu'à terme, la concurrence et le fait que de plus en plus de colliers soient vendus puissent en faire baisser le prix».
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