Clap de fin pour l’APB et le Gabnor
Une association générale extraordinaire devait valider hier la fusion du groupement des agriculteurs bio du Nord-Pas de Calais (Gabnor) avec son homologue de Picardie.

«La fusion avec l’Agriculture biologique de Picardie (ABP), cela fait un moment qu’on parle et qu’on y travaille», admettait début de semaine le président du Gabnor, Sébastien Lemoine. Agriculteur à Gouzeaucourt (59), dans le Cambrésis, il avait succédé en 2016 à Stéphane Leleu. Et d’ajouter : «ABP et Gabnor travaillent ensemble depuis longtemps. Ce regroupement doit permettre d’avoir plus de poids dans les discussions autour du bio, et va dans le sens de l’histoire avec la fusion des ex-régions Nord-Pas de Calais et Picardie».
Jeudi 30 novembre, dans un lieu connu des seuls invités, dans deux salles distinctes, le Gabnor et l’ABP devaient tenir les assemblées générales extraordinaires conduisant à leur dissolution. Les représentants des deux structures d’accompagnement de l’agriculture bio dans les Hauts-de-France devaient ensuite se rejoindre pour constituer une nouvelle structure à l’échelle de la région. Le nom de cette structure ? Bio en Hauts-de-France.
Proximité recherchée avec les adhérents
Effective au 1er janvier 2018, elle devrait être administrée par un conseil de quinze membres, répartis en trois collèges : producteurs (7), opérateurs économiques (5) et alliés de la bio (3). Pour garantir de la proximité entre la nouvelle structure et les administrateurs, la région a été découpée en sept territoires, dont chaque élu du collège producteurs aura la responsabilité. Un comité de direction composé de quatre personnes sera chargé de la gestion quotidienne. Le siège social de la nouvelle entité pourrait être installé à Phalempin, lieu de l’actuelle base du Gabnor. Les bureaux occupés par l’ABP à Amiens resteront néanmoins occupés par une partie des équipes techniques, «pour garder une certaine proximité avec les adhérents», explique Sébastien Lemoine.
Au plan social, la fusion du Gabnor avec l’ABP n’entraînera aucun licenciement parmi les salariés du groupement du Nord-Pas-de-Calais. «La demande reste forte et on aurait même besoin de conseillers et techniciens supplémentaires, constate M. Lemoine. Mais pour cela, nos ressources doivent suivre et l’on dépend quand même beaucoup de fonds publics».
Des missions larges maintenues
Dans la feuille de route de la nouvelle structure, on devrait pouvoir retrouver les missions qui incombaient jusqu’alors à l’ABP et au Gabnor. «Notre spectre d’activité est large, témoigne le président du Gabnor, mais la principale tâche reste l’accompagnement des agriculteurs. 60 à 70% du travail des techniciens du Gabnor se fait chez les conventionnels qui s’interrogent sur une conversion au bio. Ensuite, il y a aussi le suivi technique des agriculteurs déjà convertis».
Gabnor et ABP interviennent dans la structuration de filières pour différentes productions, tant animales que végétales, le montage de démarches innovantes - c’est le cas par exemple du développement d’une filière sucre bio -, l’approvisionnement de la restauration hors domicile en produits bios, leur accessibilité au consommateur lambda ou encore l’accompagnement des territoires dans des démarches environnementales.
La structuration des filières, enjeu prioritaire
Pour Sébastien Lemoine, «la force du Gabnor est d’avoir toujours su évoluer» depuis sa création, en 1973. C’est donc avec une certaine sérénité qu’il aborde le changement d’échelle. Depuis qu’il a converti son exploitation au bio (2010), il constate également que le regard sur ce mode de production a changé ; les préoccupations des agriculteurs aussi : «Au départ, les questions portaient sur la disponibilité des semences. Au fil du temps, les agriculteurs se sont interrogés sur les rendements, puis le salissement des parcelles. Mais pour répondre à cela, la technique et le matériel ont bien évolué et ont suivi. Aujourd’hui, le principal frein, c’est le souci de la main-d’œuvre. Une ferme en bio emploie forcément plus de salariés qu’une ferme conventionnelle et il faut apprendre à gérer la ressource humaine», constate Sébastien Lemoine.
La rentabilité des productions bios ne serait que secondaire. Non pas qu’elle n’intéresse pas les agriculteurs bios. Seulement, constate le président du Gabnor, «étant donné que la demande n’est satisfaite dans un certain nombre de productions, les prix de vente sont supérieurs au conventionnel». Pour que ce différentiel en faveur du bio se poursuive, Sébastien Lemoine insiste sur la structuration des filières bios. «Si on ne s’intéresse pas à ce sujet, on risque de tomber dans les mêmes travers que l’on connaît avec le conventionnel». Pas étonnant donc de retrouver dans la feuille de route de la nouvelle organisation un axe fort dédié aux filières.
Sur l’exploitation de Sébastien Lemoine, «le travail ne manque pas»
La présidence de la nouvelle structure, ce ne devrait pas être pour lui : «Je m’investirai dans la structure, mais je ne sais pas encore à quel poste», explique M. Lemoine.
L’engagement dans une structure professionnelle est «très chronophage, poursuit-il. Depuis septembre, tout s’est accéléré pour préparer la fusion dans les meilleures conditions. Quand on prend des responsabilités, il faut faire attention à ne pas trop s’éloigner de son exploitation». Sur la sienne justement, le travail ne manque pas, car Sébastien Lemoine est l’un des quatre agriculteurs fondateurs de la Bioteam. Il est également à la manœuvre dans la création de la Cuma Bio territoires, au côté de treize autres agriculteurs des Hauts-de-France convertis à l’agriculture bio.
L’objectif pour cette dernière, dont le projet est de porter une unité de conditionnement de légumes bios, c’est d’être opérationnel pour le mois de septembre 2018. Sébastien Lemoine est optimiste : «Nous avons trouvé le terrain et le permis de construire a été déposé».
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