Charges, prix, climat : les agriculteurs face à un avenir incertain
La CCI Hauts-de-France, la Banque de France, la Chambre d’agriculture et la CMA Hauts-de-France ont présenté les résultats de leurs enquêtes de conjoncture. La focale était dirigée sur l’impact du changement climatique sur le climat des affaires.
Tous les exploitants ont pu le constater par eux-mêmes, après deux années de forte hausse, les prix agricoles ont connu une baisse en 2023, notamment pour les productions de céréales et d’oléagineux. La hausse simultanée des charges (aliments pour animaux : + 1,5 %, produits agrochimiques : + 8,7 %, la palme revenant aux engrais : + 19,1 %), qui se ralentit toutefois, entraîne un effet ciseau et les agriculteurs des Hauts-de-France estiment, pour la moitié d’entre eux, que la situation économique s’est dégradée, si l’on en croit l’enquête conjoncture menée au mois de décembre dernier.
Cette proportion est même plus élevée chez les producteurs de céréales et d’oléoprotéagineux : ils ne sont que 67 et 47 % à juger leur situation bonne ou plutôt bonne en 2023.
Quand on les questionne sur les perspectives de 2024, on constate «une remontée des inquiétudes et du pessimisme» selon les termes de Yolène Lavalade, économiste auprès de la Chambre d’agriculture Hauts-de-France.
Et nos agriculteurs semblent plus inquiets encore pour l’avenir. Ils sont 34 % à se déclarer pessimistes vis-à-vis de l’année à venir alors qu’ils n’étaient que 20 % lors de la précédente enquête. En cause, l’évolution des prix, les politiques agricoles et les réglementations trop complexes, les marchés mondiaux, les accords commerciaux et la mondialisation. Autant de problématiques à l’honneur pendant les dernières mobilisations de janvier et février derniers. Pour autant, «les agriculteurs continuent d’avoir des projets», poursuit l’économiste. 33 % ont en effet pour perspective d’investir en bâtiment ou matériel en 2024, 28 % dans la transition énergétique (panneaux photovoltaïques, méthanisation) et 15 % dans une nouvelle production.
Climat et eau
«Le changement climatique représente un risque pour les entreprises», enchaîne Grégory Stanislawski, directeur CCI Études Hauts-de-France. Un risque physique d’abord, avec l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes «qui affectent l’activité». Des risques de transition ensuite, avec la mise en place de politiques climatiques (taxation carbone, réglementations environnementales, etc.) et changements dans les préférences des consommateurs.
Avec une pluviométrie plus inégalement répartie sur le territoire durant l’année, l’enjeu sera de récupérer l’eau en période de hautes eaux. «Après un hiver où il a fallu évacuer à la mer plus de trois fois la quantité d’eau douce nécessaire à l’irrigation en un an, la question de la bonne gestion de la ressource ne pourra pas se limiter à la sobriété», précise le communiqué issu de la réunion. Les agriculteurs de la région ne s’y trompent pas et estiment à 65 % que l’accès à l’eau aura un fort impact sur leur activité dans les années à venir.
Pour autant, Grégory Stanislawski signale que le changement climatique représente aussi des opportunités : en plus des nouveaux marchés et services, «les consommateurs et les investisseurs sont de plus en plus sensibles aux questions environnementales et sociales». Travailler l’image de marque et la réputation de l’entreprise dans ce sens sera un moyen d’attirer de nouveaux clients et de fidéliser les salariés.
Des opportunités aussi en termes de compétitivité et de réduction des coûts : «Les entreprises qui s’adaptent sont mieux préparées aux défis du futur.» Réduire la consommation d’énergie est un exemple de réduction des coûts d’exploitation.
Pour faire face aux risques financiers qu’implique le changement climatique, la Banque de France mettra à disposition des entreprises un «indicateur climat» qui mesurera l’exposition des entreprises aux risques climatiques. Gratuit pour les entreprises, cet indicateur leur permettra de se positionner par rapport à une trajectoire cible de décarbonation de leur secteur.
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