L'Oise Agricole 24 septembre 2020 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

C’est en forgeant que l’on devient maréchal-ferrant

Et c’est à Beauvais, au Centre de formation de la Chambre des métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France, que cela se passe.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Célestine à la forge : des mouvements précis pour adapter la forme du fer en le faisant chauffer et en le martelant.
Célestine à la forge : des mouvements précis pour adapter la forme du fer en le faisant chauffer et en le martelant. - © Dominique Lapeyre-Cave

Y sont proposés des parcours menant à l’obtention d’un Capa (certificat d’aptitude professionnel agricole) en deux ou trois ans (niveau 3), qu’il est possible de compléter par un BTM (brevet technique des métiers, niveau quatre) en deux ans. Des jeunes viennent y apprendre le métier en apprentissage ou des adultes en reconversion, mais sur une durée plus courte, 10 mois. Ce sont parfois des salariés qui utilisent leur compte personnel de formation pour changer d’orientation professionnelle.

Jérôme Monfray, l’un des formateurs, l’explique d’emblée : «les élèves sont tous des passionnés de chevaux, de nature, d’animaux. C’est leur principale motivation. Maréchal-ferrant est un métier physique, dur, on travaille en extérieur toute l’année, mais on est autonome et on s’occupe de chevaux.» Malgré cela, les jeunes femmes ne sont plus hésitantes et se lancent, comme Célestine et Laure, 20 ans, en 2e année Capa.

Depuis leur enfance, elles sont en contact avec les chevaux et apprécient de pouvoir exercer un futur métier en lien avec leur passion. «J’ai un bac littéraire et j’ai même commencé des études à la fac avant de me rendre compte que je ne pourrais jamais travailler dans un buerau», confesse Laure. Célestine apprécie «ce métier d’extérieur, où l’on reste un bon moment avec le cheval à ferrer, en étudiant son comportement, ses aplombs, ses allures afin de lui fournir les fers adaptés à ses pieds. Et puis je suis fière de faire un métier d’homme et de me former avec des garçons.»

C’est en forgeant

La formation se partage entre des cours théoriques en hippologie, sur le cheval, son anatomie. Les cours sont plus poussés sur le BTM avec des cours d’orthopédie. «Les élèves doivent savoir lire une radio de pied de cheval, ils suivent des cours avec un vétérinaire», détaille Jérôme Monfray. Ensuite, les élèves travaillent en forge. «Avec une barre de fer au départ, appelée lopin, ils doivent forger un fer adapté au pied du cheval. Dans l’épreuve du Capa, ils ont une heure trente pour former les quatre fers.» Mais les fers sont relativement simples alors que pour l’obtention du BTM, les élèves doivent savoir poser des fers orthopédiques, ce qui est plus compliqué. Environ la moitié des diplômés du Capa maréchal-ferrant poursuivent en BTM.

Les jeunes bénéficient d’une forge bien équipée au centre de formation de Beauvais. Des propriétaires de chevaux des alentours viennent y faire ferrer leurs chevaux. «Ici, on ferre des chevaux de trait, des chevaux de selle, des poneys et même des ânes. Nous ne ferrons pas des chevaux de courses, dont les fers sont légèrement différents et changés environ toutes les quatre semaines contre six pour les autres chevaux», explique le formateur.

Les élèves effectuent leur apprentissage chez des maréchaux déjà installés ou dans des écuries de courses comme Laure. C’est en conditions réelles qu’ils acquièrent l’expérience nécessaire à l’obtention du diplôme, en pratiquant régulièrement. «Pourtant, certains élèves n’avaient jamais fréquenté des chevaux auparavant. Mais ils développent leur sens de l’observation, certains ont un véritable feeling avec les chevaux,. Ils doivent aussi être habiles de leurs mains et surtout en bonne condition physique. Mieux vaut éviter le métier si on a mal au dos», prévient Jérôme Monfray.

Des débouchés

La maréchalerie française a une excellente réputation de par le monde et certains jeunes diplômés trouvent des emplois à l’étranger dans des pays où les courses sont développées, comme aux Émirats arabes unis par exemple. Certains intègrent l’armée : gendarmerie, garde républicaine ou armée de terre où les chevaux sont encore utilisés. Sinon, ils sont souvent embauchés par leur maître d’apprentissage ou peuvent se lancer eux-mêmes à leur compte.

L’école de Beauvais est parmi l’une des cinq plus grosses et plus connues de France. Formateurs et élèves participent régulièrement à des concours de maréchalerie sur deux ou trois jours où ils portent les couleurs de l’école, que ce soit au niveau national ou européen, afin de la faire connaître. Les élèves viennent en majorité des Hauts-de-France, de la région parisienne ou de Normandie.

C’est en 1999 que la maréchalerie du centre de formation de Beauvais a été inaugurée. C’est la seule école dans tous les Hauts-de-France et, avec le développement de ferrures de plus en plus techniques (nouveaux matériaux, silicone, plaques) et l’attrait pour les métiers en lien avec la nature et les animaux, elle accueille des élèves attirés par le métier.

Laure se verrait bien partir à l’étranger au début de sa carrière, pour ferrer les champions des champs de course et Célestine aimerait dans un premier temps être salariée chez un maréchal-ferrant avant, peut-être, de s’installer. Ce qui est sûr, c’est que l’une comme l’autre sont passionnées et fières de ce qu’elles font au service des chevaux et de leurs cavaliers.

Le travail du maréchal-ferrant

Son intervention se décompose en quatre actions. D’abord, déferrer le cheval. Ensuite, parer le pied, c’est-à-dire râper et éliminer la corne en surplus afin que le cheval ait des aplombs corrects. Il faut ensuite choisir la taille et la forme du fer et le forger à chaud pour qu’il soit adapté à chaque pied. Enfin, le fer est cloué (on dit «broché») et on fixe des rivets au niveau des clous pour que le fer tienne. C’est la ferrure standard, un travail sur-mesure.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,