BioTFuel, première mondiale du biocarburant de 2e génération
Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, s'est rendu à Venette le 27 juillet pour visiter le site du démonstrateur du projet BioTfueL, qui vise à produire des biocarburants aéronautiques de 2e génération à base de résidus agricoles ou forestiers.

Le projet de démonstration BioTFuel a été lancé en 2010 pour permettre de tester, valider et optimiser une chaîne complète de production de biocarburants avancés de 2e génération, notamment du biokérosène (biojet), à partir de biomasse ligno-cellulosique (coproduits agricoles, résidus forestiers ou biomasse spécifique).
90 % de gaz à effet de serre en moins
Le projet BioTFuel est porté par plusieurs partenaires : Avril, Axens, le CEA, IFP Energies nouvelles, Thyssenkrupp, Total Energies. Ce qui constitue un atout essentiel pour développer et commercialiser mondialement cette technologie. Le concept novateur de BioTFuel repose sur sa capacité à traiter la plus large diversité possible de biomasses : déchets forestiers, résidus agricoles...
Cette flexibilité permettra de garantir la continuité de l'approvisionnement des futurs unités industrielles tout en réduisant le coût de production. Le biokérosène issu de cette technologie fait partie des biojets homologués pour être incorporés jusqu'à hauteur de 50 % dans les réservoirs des aéronefs actuellement en opération selon la norme ASTM D7566.
Le procédé comporte quatre étapes : pré-traitement par torréfaction de la biomasse, gazéification, purification, synthèse Fischer-Tropsch. Le site de Venette accueille l'unité de torréfaction de la biomasse, il est situé sur le site industriel du partenaire Avril. La technologie de torréfaction consiste en un séchage poussé de la biomasse qui en ressort friable et imputrescible.
La biomasse torréfiée est ensuite transportée sur le site de Dunkerque pour être gazéifiée avant de synthétiser les biocarburants liquides. Cette technologie démontre qu'il s'agit d'une étape importante visant à positionner la technologie BioTFuel comme la principale solution de production de carburants aéronautiques durables, permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de 90 %. L'étape suivante est donc l'industrialisation du procédé.
Une enveloppe de 200 millions d'euros
Alors que les industriels de l'aéronautique travaillent sur un avion à hydrogène à l'horizon 2035, le recours à des carburants d'origine non fossile est considéré comme l'une des pistes les plus prometteuses pour réduire l'empreinte carbone du transport aérien.
«Ce secteur est pleine décarbonisation. Cette technologie permet d'obtenir une économie circulaire. Ce biocarburant peut être d'ores et déjà incorporé dans les avions avec les moteurs existants. L'enjeu est de massifier les productions et de faire de la France le leader mondial», indique Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports.
Doté d'une enveloppe prévisionnelle pouvant aller jusqu'à 200 millions d'euros, (33,2 millions de financement public venant de l'Ademe, des Hauts-de-France et Feder) sous réserve notamment de la qualité des projets proposés, l'appel à projets sera définitivement clos le 29 avril 2022, après une première vague de sélection le 15 octobre prochain.
«Aujourd'hui, on a un mandat d'incorporation de biocarburant français assez modeste, mais qui va être renforcé : 1 % en 2022, 2 % en 2025 et 5 % d'ici à 2030. Le 14 juillet, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, lance le plan d'action Fit for 55. Il vise à incorporer de manière plus ambitieuse les biocarburants à l'échelle de l'Union européenne. Les démonstrateurs de Venette et de Dunkerque ont permis d'homologuer un biokérosène susceptible d'être injecté à hauteur de 50 % dans les moteurs des avions actuels» poursuit-il.
Pour Adrien Dupuy, agriculteur à Labosse dans l'Oise, c'est une excellente opportunité pour les agriculteurs. «Il s'agit d'une nouvelle corde que l'on peut ajouter à notre arc. On parle ici d'un biocarburant de 2e génération, on va donc pouvoir valoriser des co-produits de l'agriculture. Pour ma part, je vois plus la culture dédiée avec le miscanthus qui pourra être produit dans des zones difficilement cultivables. Sur des zones de captages sensibles, on met des plantes de type miscanthus qui sont peu demandeuses en intrant. Ou même dans le cadre des ZNT, on pourrait valoriser toutes ces surfaces délicates à cultiver par rapport à l'aspect environnemental. En revanche, il faut que la culture de ces plantes dédiées soit bien valorisée économiquement.»
Il existe plusieurs types de SAF (sustainable aviation fuels), dont les biocarburants, mais aussi des produits avancés ou synthétisés à partir de capture de CO2 ou d'hydrogène (lui-même d'origine renouvelable).
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