L'Oise Agricole 26 septembre 2020 a 12h00 | Par Laura Béheulière

Bio et agriculture de conservation sont-ils compatibles ?

600 visiteurs se sont rendus à la quatrième édition du forum Terr’eau bio, organisé pour la première fois dans le Nord, par Bio en Hauts-de-France, le jeudi 17 septembre. Thématique de l’année : l’agriculture bio de conservation.

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Le forum Terr’eau bio s’est déroulé à Brunémont sur l’exploitation de Michel et Jean-Paul Delille.
Le forum Terr’eau bio s’est déroulé à Brunémont sur l’exploitation de Michel et Jean-Paul Delille. - © Agence de presse

C’est un sol bien sec qui a accueilli cette année le forum Terr’eau bio, journée technique dédiée à l’agriculture biologique organisée par l’association Bio en Hauts-de-France. Il faut dire que l’événement a eu la chance de passer entre les gouttes des différentes annulations dues au contexte sanitaire. Cette quatrième édition s’est déroulée jeudi 17 septembre sur l’exploitation de Michel et Jean-Paul Delille, à Brunémont dans le Nord.

Un changement «essentiel»

L’occasion de souligner l’essor du bio au cours de ces dernières années : «Face à la crise que nous vivons, il est plus qu’essentiel de changer de mode de production», a souligné la présidente de Bio en Hauts-de-France Nadou Masson. «Les surfaces bio ont augmenté d’environ 20 % dans la région entre 2018 et 2019, rappelle, quant à lui, Luc Maurer, directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). La dynamique est croissante. Il y a eu une prise de conscience dans les derniers mois de l’importance de la production agricole. Il faut maintenant qu’elle se fasse sur la nécessité d’une transition agricole. Le plan de relance du gouvernement devrait permettre d’accélérer cette transition.»

«Il y a eu une augmentation de 18 % des conversions et installations (entre 2018 et 2019, ndlr), poursuit Marie-Sophie Lesnes, vice-présidente en charge de l’agriculture au conseil régional des Hauts-de-France. Même si des efforts sont encore à faire, la filière a fait un pas de géant. On est maintenant structuré et efficaces.»

ABC, les prémices d’une autre agriculture

La thématique choisie cette année pour le forum Terr’eau bio devrait permettre en tout cas d’aller encore plus loin dans les réflexions et la transition. C’est l’agriculture biologique de conservation (ABC), qui était au coeur des échanges et des démonstrations. Elle réunit des agriculteurs bio désireux de réduire leur travail du sol, et des producteurs en conservation qui veulent supprimer les herbicides. Tous partagent un objectif : la fertilité des sols. Et un défi principal : la gestion de l’enherbement.

«L’agriculture de conservation est à la croisée de deux agricultures, le bio le conventionnel, souligne Nadou Masson. Elle est donc une opportunité pour construire un pont entre ces deux modèles.» Et de rappeler le projet Abac (Agriculture Biologique, agriculture de conservation) lancé l’année dernière. «Ce projet nous le portons avec nos partenaires, la Fredon Hauts-de-France (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) et l’Apad 62 (Association pour la promotion de l’agriculture durable)», précise la présidente. C’est un projet d’expérimentation qui se déroule sur trois ans et qui vise à accompagner les agriculteurs dans leur changement de pratique. En réalité, il s’avère bien difficile de mener les deux de front. Si la région compte 1 187 fermes bio, très peu son en ABC. «C’est en démarrage, il y a une dizaine d’agriculteurs qui la testent, précise Martin Jansens, chargé d’études territoriales à Bio en Hauts-de-France. En général, les producteurs ont une partie en bio, une en agriculture de conservation et une partie où ils testent les deux. Mais la diminution du travail du sol, combinée à une diminution des phytos, c’est très difficile.» La présidente de Bio en Hauts-de-France le dit elle même : «Il n’existe pas de recette, c’est à chacun d’expérimenter.»

Quels outils et couverts choisir en agriculture bio de conservation ?

Autant le dire tout de suite, il n’y a pas de réponse unique à la question du choix des outils et des couverts en agriculture bio de conservation. «Chaque système est différent et il n’y a pas d’outil adapté à toutes les situations, prévient Noëlie Delattre, conseillère en agriculture bio de conservation à Bio en Hauts-de-France. C’est une agriculture qui commence tout juste dans la région.» Dans la boîte à outils, quelques tris peuvent tout de même se faire : «Les outils de scalpage – pour gérer les adventices mais aussi les couverts – permettent de scalper sans retourner le sol contrairement aux techniques de labour.» La technicienne souligne la présence, lors du salon Terr’eau bio, d’un tracteur équipé d’une trémie frontale, et d’un déchaumeur à l’arrière : «Combiner plusieurs outils permet de minimiser les passages, le temps de travail et le coût.» «Les couverts, c’est quelque chose de très important en agriculture bio de conservation, poursuit-elle, on tend à avoir une couverture du sol le plus longtemps possible.» Quant au choix du couvert, comme pour les outils : «Cela dépend de l’objectif de l’agriculteur et des conditions météorologiques. S’il veut un apport d’azote, il se tournera vers les légumineuses. S’il veut un cycle court il va augmenter la densité de semis.»

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