Avec l’influenza aviaire, inquiétudes sur l’export
Depuis le cas d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) détecté en Haute-Corse le 16 novembre, l’ensemble de l’Hexagone a basculé en risque «élevé». Perdant son statut indemne, la France pourrait se voir privée de certains marchés à l’export.

La menace qui se dessinait depuis plusieurs semaines s’est concrétisée le 16 novembre : «La France a détecté un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de souche H5N8 en Haute-Corse», a alerté le ministère de l’Agriculture. Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a donc «décidé de placer l’ensemble du territoire national métropolitain en niveau de risque élevé à compter du 17 novembre».
«Toutes les exportations ne seront pas perdues »
En Haute-Corse, la maladie a été découverte près de Bastia, dans une zone à risque particulier, déjà classée en risque «élevé» car fréquentée par les oiseaux migrateurs. L’influenza aviaire a été détectée dans le rayon animalerie d’une jardinerie, ce qui a donné lieu à l’euthanasie d’«environ
200 à 300 poules», a précisé le ministre dans un entretien à Public Sénat-LCP-Le Figaro. D’après la Rue de Varenne, des mesures de surveillance et de limitation des mouvements «ont été mises en place immédiatement pour éviter toute propagation», ainsi que des «mesures conservatoires chez les fournisseurs et acheteurs liés au foyer».
Alors que les services de l’État tentent de circonscrire le foyer corse, les premières inquiétudes portent sur les exportations de volailles. «Il y a un certain nombre de pays qui refusent d’acheter la volaille française», observait Julien Denormandie le 17 novembre au micro de RMC. Avec ce cas en Haute-Corse, la France perd son statut indemne d’influenza aviaire, ce qui peut fermer certains pays aux exportations hexagonales. «Toutes les exportations ne seront pas perdues», indique cependant l’interprofession des volailles de chair (Anvol) le 19 novembre, car «de plus en plus de pays acceptent le zonage et ne ferment pas forcément les frontières aujourd’hui».
Ce principe de zonage – aussi appelé régionalisation – permet aux régions françaises indemnes de continuer à exporter vers les pays qui le reconnaissent ; seules les régions touchées étant frappées d’interdiction. Un système appliqué de fait dans les échanges intra-européens. L’export représente «22 % de la production de volailles françaises» pour un chiffre d’affaires d’environ 270 ME (dont près de la moitié vers les pays tiers), rappelle Anvol. Ce débouché est plus crucial encore pour les accouveurs, qui réalisent 30 % de leurs ventes à l’export (112 ME, plus de la moitié vers les pays tiers).
Négociations sur la régionalisation
«Beaucoup de négociations sont en cours sur la régionalisation», confirme de son côté Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog (interprofession du foie gras). «Le Japon avait accepté la régionalisation», indiquait-t-elle le 19 novembre. Pour le foie gras, le Pays du soleil levant est le débouché «le plus important» parmi les pays tiers, avec 200 tonnes (t) de foie gras cru (600 t en 2015). En revanche, «nous n’avons pas de recul sur les pays qui viennent de s’ouvrir, comme la Chine, où nous avons seulement commencé à exporter cet été.» Au-delà de l’aspect commercial, l’impact sanitaire de la maladie peut aussi se révéler dévastateur. La crise de 2016-2017 est encore dans toutes les têtes, surtout dans la filière des palmipèdes gras. Après un vide sanitaire de quatre mois, la production française de foie gras s’était effondrée de 25 % en 2016, puis de 20 % en 2017 (par rapport à 2015). Avec 16 400 t en 2019, elle n’avait pas encore retrouvé son niveau d’avant l’influenza (19 200 t en 2015).
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