L'Oise Agricole 12 décembre 2024 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Avancées et discussions à nouveau à l'arrêt, suite à la motion de censure

Après la dissolution de juin et la nomination du nouveau gouvernement à la rentrée, les discussions avaient enfin repris entre la profession agricole et les services de l'État, là où elles en étaient arrêtées, avec de réelles avancées. Patatras ! le vote de la motion de censure vient casser cette dynamique.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Visio-conférence du réseau suite à la chute du gouvernement Barnier : Pierrick Horel, président de JA National, et Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, s'adresse aux adhérents.
Visio-conférence du réseau suite à la chute du gouvernement Barnier : Pierrick Horel, président de JA National, et Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, s'adresse aux adhérents. - © dr

Dès le lendemain du vote de la motion de censure, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, et Pierrick Horel, président de JA National, conviaient l'ensemble du réseau syndical à une visio-conférence pour faire le point sur la situation.

D'entrée de jeu, le jeune syndicaliste l'annonce : «tout ce qui a été obtenu depuis le début de l'année grâce à la mobilisation est suspendu du fait d'une décision politique irresponsable. Après avoir affiché leur soutien au monde agricole, les députés ont choisi d'arrêter tous les projets en cours : mesures sociales et économiques contenues dans les projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale, volet sanitaire... Ce n'est pas entendable par les agriculteurs qui ont besoin de réponse concrètes pour se sortir des difficultés dans lesquelles ils sont.» Et d'expliquer qu'annoncer que le budget 2025 pourrait reprendre à défaut celui de 2024 n'est pas une bonne idée. «Dedans, il y a l'augmentation de la taxation du GNR et de la RPD, alors que nous avions réussi finalement à faire sauter ces propositions. Nous avons été suivis dans notre combat par les citoyens et nous devons poursuivre, on ira chercher coûte que coûte les mesures sur la table !»

Stratégie syndicale

Arnaud Rousseau précise que la situation actuelle est inédite et que, comme l'Assemblée nationale va garder la même composition jusqu'à une possible dissolution en juillet 2025, le nouveau gouvernement sera tout aussi instable. «Aujourd'hui, sans gouvernement, plus de discussions sur les projets de loi, plus de questions au gouvernement, seuls les travaux des commissions se poursuivent.» Le président de la FNSEA appelle de ses voeux la constitution rapide d'un nouveau gouvernement. Il rappelle que le PLFSS contenait des mesures comme la prise en compte des 25 meilleures années pour la retraite dès 2026, le TODE et le PLF des avancées pour l'élevage et l'installation entre autres. Les récentes annonces d'Annie Genevard sur les prêts de trésorerie et structurels, prévues en fin d'année, sont reportées.

«Je veux dire ici que le combat continue. En premier, contre le Mercosur, un accord contre lequel nous commençons à trouver des alliés en Europe. En second, quel que soit le nouveau Premier ministre, dès ses premières prises de parole, il doit nous dire quelle suite il donnera aux promesses qui nous ont été faites. En troisième, j'invite les fédés à se rapprocher de leurs députés pour leur demander des comptes, je précise bien, dans le respect des personnes et des biens. Nos adhérents sont comme les autres Français, ils recouvrent toutes les tendances politiques. Il s'agit juste, vu le niveau d'agacement généralisé, d'avoir de la visibilité sur la suite et de demander aux députés s'ils seront d'accord pour voter les mesures qu'on nous a promises, nous ne pouvons plus attendre ! Enfin, dans un esprit de responsabilité, c'est-à-dire sans défiance ni complaisance envers nos politiques, malgré ce moment de forte tension et cet arrêt de jeu, il nous faut construire l'avenir de l'agriculture, il y aura des lendemains auxquels nous devons travailler avec persévérance et en portant attention à ceux qui sont en difficultés.»

Et même si le budget agricole est en baisse de 13 %, il avait augmenté de 27 % précédemment ; l'agriculture doit aussi prendre sa part dans la réduction des déficits publics. Loin du chaos voulu par certains, le syndicalisme majoritaire, à la veille des élections Chambre d'agriculture, rappelle aux agriculteurs qu'il est au travail pour trouver des solutions et porter le goût d'entreprendre.

Ensemble, continuons le combat

Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise

Après la mobilisation de début janvier, nous avons joué de malchance dans notre combat pour des mesures justes en faveur de l'agriculture. D'abord, la dissolution de juin qui a stoppé net les discussions en cours ; puis il a fallu attendre la rentrée pour avoir un nouveau gouvernement et une interlocutrice rue de Varenne et, alors que les négociations avançaient bien, notamment avec des prêts de trésorerie et structurels imminents, voilà que tout s'arrête à nouveau du fait de l'irresponsabilité de certains, plus occupés à des stratégies politiques qu'à l'avancée des dossiers agricoles, laissant les Français dans une zone d'incertitude délétère. Pour autant, nos récentes mobilisations ont porté leurs fruits, avec l'examen à Amiens, mercredi dernier, de tous les dossiers régionaux en souffrance avec les services de l'État, ASP, Draaf... Nous en avons résolu une partie et obtenu, depuis la chute du gouvernement Barnier, qu'aucun nouveau contrôle ne soit effectué pour le moment : plus de contrôles inopinés et tous les contrôles prévus reportables sont reportés. C'est une goutte d'eau dans l'océan de nos demandes mais, en l'absence de gouvernement à Paris, le jeu doit être calmé dans les régions. Dès que nous aurons des interlocuteurs pour reprendre la partie, nous reviendrons nous asseoir à la table, plus déterminés que jamais.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,