L'Oise Agricole 07 septembre 2023 a 08h00 | Par Christophe Soulard

Arnaud Rousseau (FNSEA) : «Enrayer le déclin de l'agriculture française»

«Arrêter les discours et passer aux actes». Tel pourrait être résumé l'esprit de la rentrée syndicale de la FNSEA qui entend remettre l'agriculture française sur les rails de la compétitivité.

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Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et Hervé Lapie, secrétaire général, lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat majoritaire le 31 août à Paris.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et Hervé Lapie, secrétaire général, lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat majoritaire le 31 août à Paris. - © CS

«Enrayer le déclin de l'agriculture française sera le défi des pro-chaines années», a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, lors d'une conférence de presse le 31 août à Paris. Établissant un parallèle avec la perte de souveraineté énergétique, principalement dans le nucléaire, il s'est inquiété des baisses de production constatés dans de nombreux secteurs agricoles (viande bovine, lait, etc.), ce qui grève nos capacités futures. «Même le porc, secteur dans lequel nous étions autosuffisants, passe sous la barre des 100 %», a-t-il pour-suivi, alarmé par la hausse des importations dans de nombreux domaines (fruits, légumes, volailles, viande bovine...), mais aussi de la baisse de nos exportations. «C'est le cas pour la farine (...), le Cognac recule dangereusement aux États-Unis», a-t-il illustré, se refusant toutefois à jouer «les marchands de peur».

Ce qu'il souhaite avant tout, c'est un sursaut de la part du gouverne-ment pour qu'il remettre la Ferme France sur de bons rails et que ce gouvernement «soit cohérent entre ses paroles et ses actes». «On ne peut pas, d'un côté, dire qu'il faut muscler notre souveraineté alimentaire et, de l'autre, faire de l'alimentation la variable d'ajustement» du portefeuille des Français. Pour lui, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, ne paraît pas cohérent quand il affirme «d'une part, que les prix agricoles ne seront pas impactés par la baisse des prix et qu'il garantit, d'autre part, vouloir faire baisser le prix de l'alimentation». Le secrétaire général de la FNSEA, Hervé Lapie, pointe aussi cette sorte de distorsion cognitive de la part du gouvernement qui impose un gel des surfaces de 4 % et qui, dans le même temps, demande de produire plus de biomasse pour participer à la transition énergétique.

«Moyens de produire»

À plus court terme, c'est le Pacte et loi d'orientation et d'avenir agricoles (PLOA) qui va mobiliser la FNSEA. Peu d'informations ont fuité sur son contenu. Le ministre en dira plus à l'occasion de Terres de Jim, la grande manifestation organisée par Jeunes agriculteurs (JA) les 8, 9 et 10 septembre à Cambrai (Nord) (lire aussi en pages 8-9). La FNSEA souhaite de son côté adjoindre un «volet compétitivité» à ce texte qui devrait être présenté au Parlement pour une première lecture dans le courant du mois de décembre. Ce chapitre compétitivité pourrait s'inspirer, en partie, du rapport du sénateur Laurent Duplomb (LR, Haute-Loire) qui pointe la stratégie du «tout montée en gamme» car «le risque est réel de voir un affaissement du potentiel productif agricole français, au détriment de notre souveraineté alimentaire», souligne celui-ci.

À mots couverts, Arnaud Rousseau plaide pour que les agriculteurs français produisent pour tous les profils de consommateurs, français et mondiaux et qu'on leur donne aussi les «moyens de produire», a-t-il insisté. Dans sa ligne de mire, les interdictions de certains produits phytosanitaires qui pénalisent les productions françaises, à l'image du glyphosate pour le-quel l'Agence de sécurité sanitaire européenne (EFSA) a estimé qu'il n'y avait pas «de domaine de préoccupation critique». Or, à raison d'1,5 litre par ha, cette substance est le moyen efficace pour pratiquer la conservation des sols, estiment les agronomes. Dans un souci de cohérence avec les objectifs agroécologiques du gouvernement, la FNSEA souhaiterait que la glyphosate voit son agrément renouvelé à la mi-décembre. Ne pas rouvrir la guerre des prix, tout en assurant la souveraineté alimentaire ainsi que la transition agroécologique constituent de véritables défis. Tous ces sujets, de même que la Redevance pollution diffuse (RPD), le gazole non routier (GNR), le futur plan Ecophyto 2030, ou encore la prédation devaient être abordés lors de la rencontre entre Arnaud Rousseau et le président Emmanuel Macron le 7 septembre.

Redevance pollution diffuse (RPD) : + 20 %

L'augmentation passe mal : + 20 % de hausse pour la RPD. «Ce n'est pas audible», a clairement indiqué Arnaud Rousseau. D'autant moins que ni les agriculteurs, ni les services des ministères ne connaissent l'affectation de ces fonds : 180 millions d'euros (MEUR) auxquels l'augmentation va ajouter 36 MEUR de plus. La président de la FNSEA qui a demandé un rendez-vous au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, veut être «éclairé sur ce qui est prélevé» et l'affectation des sommes. «Est-ce que cet argent sert à la transition ? à l'innovation ?», s'est-il interrogé. Pour l'heure, pas question d'accepter une telle hausse pour la FNSEA qui, si elle est d'accord pour contribuer à la transition agroécologique, ne veut pas le faire à n'importe quel prix. Modulée selon le niveau de toxicité et de dangerosité des substances utilisées, la RPD doit inciter les exploitants à utiliser des produits moins polluants, à supprimer ou réduire leur usage en mettant en oeuvre des pratiques ou des modes de culture plus respectueux de l'environnement. En théorie, cette RPD sert à financer les programmes d'intervention des agences et offices de l'eau pour atteindre le bon état des eaux ainsi que le plan Ecophyto.

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