L'Oise Agricole 28 janvier 2024 a 07h00 | Par F.M

Après six ans de mise en œuvre du Ceta, des analyses divergentes

Mis en œuvre provisoirement depuis le 21 septembre 2017, l’accord commercial UE-Canada fait l’objet d’analyses contradictoires. D’un côté, le Parlement européen estime que les craintes émises lors de sa conclusion ne se sont pas concrétisées. De l’autre, l’Institut Veblen est bien plus nuancé et pointe des manques importants.

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Selon les eurodéputés, les préoccupations exprimées concernant l’afflux de produits agricoles canadiens sur le marché de l’UE ne se sont pas concrétisées suite à la signature du Ceta.
Selon les eurodéputés, les préoccupations exprimées concernant l’afflux de produits agricoles canadiens sur le marché de l’UE ne se sont pas concrétisées suite à la signature du Ceta. - © Pixabay

Les eurodéputés ont adopté (par 391 voix contre 157 et 83 abstentions), le 17 janvier, un rapport d’initiative concernant la mise en œuvre de l’accord économique et commercial global (Ceta) avec le Canada, provisoirement appli-qué depuis le 21 septembre 2017. Rédigé sous la houlette de l’Espagnol Javier Moreno Sanchez (socialiste), rapporteur de la commission du Commerce international sur ce sujet, ce document souligne notamment «avec satis-faction» que le traité commercial a permis une augmentation significative des échanges de biens tout en dépassant les craintes initiales.

Au niveau agricole, les eurodéputés constatent que les préoccupations exprimées concernant l’afflux de produits agricoles canadiens sur le marché de l’UE ne se sont pas concrétisées. D’ailleurs, ils mettent en avant le fait que la croissance des échanges de produits agroalimentaires – + 62 % pour les exportations de l’UE vers le Canada et + 52 %pour les importations en provenance d’Ottawa – a «largement bénéficié aux producteurs et aux exportateurs des deux parties». Strasbourg considère que le commerce a également «contribué à la création d’emplois» et invite donc les dix derniers États membres (Belgique, Bulgarie, Chypre, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Pologne et Slovénie) n’ayant pas encore ratifié l’accord à le faire.

Interprétation contradictoire

De son côté, l’Institut Veblen a une analyse plus nuancée des effets de l’application provisoire de l’accord. Dans un rapport publié le 11 janvier, ses auteurs notent que les «bénéfices économiques annoncés ne se sont pas matérialisés», les exportations globales de l’UE ayant davantage augmenté pendant la période 2012-2017 qu’après l’application provisoire. En outre, le rapport attire l’attention sur le fait que la mise en œuvre du traité a eu pour conséquence «de booster les échanges dans des secteurs intensifs en émissions de gaz à effet de serre» comme les engrais. Par ailleurs, plusieurs manques sont constatés par l’Institut Veblen. Ainsi, l’accord ne contient pas «de conditionnalité tarifaire pour le respect de critères de durabilité dans les modes de production» et il ne permet pas de créer des incitations supplémentaires «à la mise en conformité du Canada sur le respect effectif des règles actuelles en vigueur dans l’UE». Enfin, les auteurs estiment que le Ceta «offre de nouveaux espaces [...] pour peser contre le renforcement des législations européennes en matière sanitaire ou environnementale» comme les tolérances à l’importation sur les résidus de pesticides et la déforestation importée.

Libre-échange : Bruxelles devrait publier son étude d’impact sur l’agriculture le 29 janvier

À l’occasion de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE du 23 janvier, Janusz Wojciechowski a fait part de l’intention de la Commission européenne de publier, le 29 janvier, son étude sur les effets cumulés des accords de libre-échange dans le secteur agroalimentaire. Celle-ci prendra la forme d’une mise à jour de l’analyse publiée en 2016, déjà actualisée en 2021. Attendue depuis plusieurs mois par les professionnels et les États membres, cette publication s’inscrit dans un contexte où les sensibilités agricoles vis-à-vis de la politique commerciale de l’UE resurgissent, entre la hausse significative des importations de certains produits agricoles en provenance d’Ukraine ou la négociation d’accords de libre-échange controversés, comme celui avec le Mercosur.

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