Apiculture : bon printemps, été plus mitigé
Dans un mois, les apiculteurs auront achevé l’essentiel de leurs récoltes de miel et de gelée royale. Les premières tendances ? Globalement, les récoltes de printemps auront été très bonnes dans le Nord-Pas de Calais. Pour le reste, les résultats diffèrent d’un secteur à l’autre.
La saison apicole en cours dans les Hauts-de-France semble plutôt correcte, alors qu’à l’échelle nationale, la situation semble beaucoup plus mitigée. C’est ce qui ressort des premiers échos recueillis par l’association des Apiculteurs professionnels en pays Nord-Picardie (APPNP). «Une année plus que moyenne, mais meilleure que ce qu’on entend des collègues du sud de la Loire», relativise Philippe Béquet, apiculteur installé au nord d’Amiens.
Dans le Nord-Pas-de-Calais et l’Aisne, la miellée de printemps a été très belle, grâce à un trio gagnant : belles floraisons, belle météo et belles colonies. Pour la miellée d’acacia, le bilan est plus mitigé, voire nul sur certains secteurs. La floraison était belle, mais la météo très froide lors de la semaine des saints de glace, puis le vent et les orages ont ralenti la production. Les miellées d’été, dont les récoltes commencent, s’annoncent tout aussi mitigées. «L’inquiétude est de passer le désert jusqu’à la floraison du lierre», explique Christophe Bénard, apiculteur installé près de Soissons. «Aura-t-on de bonnes petites pluies quand il faut, une canicule ou un été glacial ?»
Pour les producteurs de gelée royale, le problème est double : les abeilles manquent de nectar cet été, obligeant les apiculteurs à nourrir leurs colonies avec leur miel. «C’est la première fois qu’au mois de juin, les ruches sont à sec de pollen», observe même Guillaume Lecat, producteur de miel et de gelée royale à Lannoy-Cuillère, dans l’Oise. Comme pour son collègue du Pas-de-Calais Didier Dubois, l’année a démarré précocement, avec une production importante sur la miellée de printemps, mais celle-ci est en forte décroissance sur l’été. Quant à la miellée de tilleul, emblématique des Hauts-de-France, elle s’annonce «bonne», voire «excellente» dans l’Aisne, mais moins favorable selon les apiculteurs de la Somme et de l’Oise.
Crise sanitaire : effets positifs et négatifs
Comme toutes les professions, les apiculteurs ont du faire face à la crise sanitaire sur différents points : conjuguer école à la maison et travail au rucher, s’adapter à l’évolution des modes de consommation...
«On estime avoir perdu un tiers de temps de travail. On a dû revoir nos méthodes et avons eu un suivi moins rigoureux de chaque colonie. L’année n’ayant pas trop favorisé l’essaimage, les conséquences négatives sur le cheptel ont été heureusement limitées», indiquent Hélène Fiers et Mathieu Hébert, basés à Hoymille, près de Dunkerque.
Certains ont fait le choix de fermer leur point de vente sur l’exploitation, privilégiant les revendeurs. D’autres ont développé la vente en collectif (magasin de producteurs, drives fermiers...). Quant à ceux qui écoulent une partie de leur production sur les marchés de plein air, ils ont subi leur fermeture.
Apicultrice à Maulde, près de Valenciennes, Nathalie Stefanski a constaté «une forte baisse de la vente à la ferme. Les clients préféraient aller là où il y avait plus de produits», analyse-t-elle. Plusieurs professionnels observent une hausse de leur ventes en pots. Cela sera-t-il le cas pour le marché du vrac ? «Le made in France a le vent en poupe», note Patrick Vandencasteele, apiculteur à Marchiennes. «Les négociants toquent à la porte».
Tilleul : un grand cru
Les conditions semblent réunies pour que la récolte de miel de tilleul atteigne un haut niveau cette année, mais pas partout. «La floraison a débuté assez tôt. On s’attendait à une belle floraison car il y avait déjà beaucoup de boutons sur les arbres. Pendant le coup de chaud, il y a eu des périodes de miellée très intense», explique Hélène Fiers, présidente de l’APPNP. «La miellée a été assez longue ; elle s’est poursuivie après le coup de chaud, de façon moins intense, mais régulière».
Un bon cru ? «Généralement, lorsque la miellée est franche, la qualité est au rendez-vous», poursuit l’apicultrice nordiste, qui transhume une partie de ses colonies dans les forêts de l’Aisne, quand d’autres implantent des ruchers temporaires dans les grandes forêts de l’Oise (Chantilly, Halatte...). Il faut relativiser cependant : localement, le mauvais temps et des floraisons tardives ont perturbé la miellée.
Le terroir picard favorise la production de ce miel aux saveurs très typées. Peu de régions en France allient suffisamment de paramètres pour produire un produit de même qualité organoleptique.
Avec plusieurs partenaires, dont le Groupement régional pour la qualité alimentaire et Terroirs Hauts-de-France (Comité de promotion régional), l’APPNP travaille à la mise en place d’une IGP (indication géographique protégée) pour faire reconnaître les particularités du miel de tilleul de Picardie. Certains intègrent déjà la démarche initiée par le Comité de promotion régional et les apiculteurs professionnels du territoire (APPNP). Le comité de dégustation, dont le verdict validera ou non les miels candidats, se réunira le 1er octobre à Amiens.
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