AGPB : les céréaliers veulent gagner en compétitivité
A l’occasion du congrès de l’AGPB, les participants ont évoqué des pistes pour améliorer la compétitivité des céréaliers français qui subissent une grave crise depuis plusieurs années.

«A l’heure où les céréaliers sont dans une crise profonde, et ce, depuis cinq ans, le ministre de l’Agriculture a décliné sa venue à notre congrès, au motif qu’il serait retenu par une réunion, soi-disant importante, avec le Premier ministre », a déclaré Philippe Pinta, président de l’AGPB (Association générale des producteurs de blés), lors du congrès de l’AGPB, qui s’est tenu le 31 janvier et le 1er février à Dijon. Pour Philippe Pinta, le secteur céréalier vit actuellement une des plus graves crises de son histoire.
Celle-ci est d’ailleurs multifactorielle : conditions climatiques défavorables, hausse des charges, concurrence accrue, prix de marché historiquement bas. Le congrès se déroulant en Côte-d’Or, l’enjeu des zones intermédiaires a été largement évoqué. Soutenue par la FNSEA, l’AGPB a demandé une mission au gouvernement sur la situation des zones intermédiaires.
Gagner 10 à 15 € par tonne de blé
Pour Philippe Pinta, l’absence du ministre est le signe d’un manque de reconnaissance vis-à-vis de la filière qui «avec 9 milliards d’euros d’excèdent annuel en moyenne, est le quatrième poste de la balance commerciale». Cependant, la filière, loin de baisser les bras, a décidé de profiter de ce congrès pour explorer des pistes permettant d’améliorer la compétitivité du secteur. «Produire plus et produire mieux», telle est l’ambition de l’AGPB. Une feuille de route en ce sens avait été remise au ministre de l’Agriculture, le 19 janvier, et Philippe Pinta attendait sa venue pour obtenir des réponses.
Dans sa feuille de route, l’AGPB propose d’agir vers trois directions complémentaires : atteindre l’équilibre économique en adaptant les coûts de production, répondre aux attentes des clients français et internationaux et, enfin, se prémunir contre les effets de la volatilité des prix et des aléas climatiques et sanitaires. La filière souhaite ainsi rester compétitive en identifiant les verrous à tous les niveaux de la filière pour gagner 15 e par tonne de blé. Les inondations de ces derniers jours ont rappelé aux producteurs que les aléas climatiques, sont une réalité dont il faut se prémunir grâce, notamment, aux assurances récoltes, un levier pour améliorer la compétitivité des exploitations. Ces inondations ont aussi rappelé aux exploitants qu’ils peuvent être accusés de tous les maux. Christiane Lambert a ainsi dénoncé les accusations gratuites et fausses dont sont victimes les agriculteurs qui seraient responsables des inondations.
Etre compétitif en et hors de France
Parmi les pistes explorées pour améliorer la compétitivité des exploitations céréalières, Philippe Pinta propose de revoir la logistique ferroviaire qu’il juge déplorable. La diversification des exploitations a aussi été largement évoquée par les participants, comme levier pour augmenter les revenus des agriculteurs. Les professionnels souhaitent également qu’un outil favorise l’effort d’épargne des agriculteurs. Ils estiment donc qu’il est nécessaire que l’épargne de précaution soit enfin intégrée dans la loi de finance de 2019. Les participants n’ont pas oublié l’export pour gagner en compétitivité.
Pour ce faire, Jean-Michel Aspar, président de Synacomex (Syndicat national du commerce d’exportation des céréales), rappelle qu’il faut construire avec les clients des pays tiers et de l’Union européenne la même relation de confiance qui existe avec les clients français. Pour rester compétitif sur le marché international, Jean-François Lepy, directeur général de Soufflet Négoce, appelle à privilégier la qualité. Il estime qu’il est vain de se battre sur les prix avec la Russie et les pays de la mer Noire. Pour lui, «il faut construire des filières premium, car demain tous les consommateurs, de Dakar à Alger voudront manger des produits sains et cultivés avec des standards d’excellence, comme nous savons le faire en France».
Une Pac forte pour lutter contre les distorsions
Parmi les freins à la compétitivité, la Pac et les distorsions de concurrence entre pays de l’Union ont été évoquées durant le congrès de l’AGPB (Assemblée générale des producteurs de blé). Philippe Pinta, président de l’AGPB, a ainsi rappelé qu’il existe un écart de prix de 10 à 15 e la tonne entre le blé bourguignon et celui produit en Allemagne. Il souhaite donc une Pac plus équitable, et la fin des transferts entre le premier et le second pilier. La déclinaison de la Pac actuelle et les réflexions quant à son avenir sont des sujets de préoccupations majeures pour les céréaliers. Le président de l’AGPB souhaite une politique agricole européenne forte qui conserve son budget et son caractère commun. Paolo de Castro, vice-président de la Commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen, qui s’est exprimé lors du congrès de l’AGPB, estime également que l’agriculture a besoin de davantage d’Europe. Pour lui, il est nécessaire de se battre contre la renationalisation de la Pac. Il n’acceptera pas que l’Europe abandonne la Pac. S’il estime qu’il est nécessaire de gagner en subsidiarité et en flexibilité cela ne doit pas se traduire par un retour à la nation.
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