L'Oise Agricole 14 décembre 2023 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Agora : un pack solide à l'avant comme sur ses arrières

Expression rugbystique pour décrire la situation impressionnante de la coopérative dont l'invité d'honneur de l'assemblée générale du 12 décembre à la maladrerie Saint-Lazare était Fabien Pelous, ancien capitaine du XV de France.

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Agnès Duwer, directrice générale, et Thierry Dupont, président, présentent un exercice 2022-2023 exceptionnel.
Agnès Duwer, directrice générale, et Thierry Dupont, président, présentent un exercice 2022-2023 exceptionnel. - © DLC

En effet, l'équipe Agora est solide, les avants font mouche tandis que les arrières sont solidement implantés sur leurs bases. Pour preuve, la présentation de l'activité 2022-2023 qui conforte la structure. D'abord, un chiffre d'affaires insolent de 457 millions d'euros au 30 juin 2023, en hausse de 27 % par rapport à la campagne précédente, surtout dû au contexte haussier des prix défiant toute concurrence (+ 26 % sur les céréales, + 27 % pour les appros).

Et, dans la coopération, c'est le diviseur qui compte, à savoir le nombre de quintaux collectés. De quoi être rassurés puisqu'Agora a récolté presque 957.000 tonnes, pas loin de son record de 2019. «Le diviseur, c'est ce qui permet couvrir les charges de structure et de bien rémunérer les adhérents», avancent Salomé Camur, directrice administratif et financier, et Aymar de Laveaucoupet, élu responsable de la commission finances.

Un score exceptionnel

Avec une maîtrise du coût énergétique malgré des prix élevés et une hausse du coût du transport, l'excédent brut d'exploitation, véritable indicateur de la performance des métiers, se monte à 8,8 millions d'euros, en hausse de 1 million par rapport à la campagne précédente.

Côté financier, le résultat est inédit du fait de la cession de trois participations que la coopérative détenait. La plus notable est le rachat par Tereos des parts d'Agora détenait, ce qui a généré une plus-value de plus de 7 millions d'euros. Le résultat financier s'établit à 5,3 millions d'euros et son résultat net à 15 MEUR. La coopérative se désendette régulièrement depuis 10 ans (11,8 MEUR) et ses fonds propres atteignent désormais 110 millions d'euros, dont 100 de capitaux propres. Un solide pack qui permet «d'envisager l'avenir avec sérénité. Désendettée, la coopérative a les moyens de ses ambitions», assure Agnès Duwer, directrice générale d'Agora. Et malgré une hausse du stock (en valeur, pas en quantité) et des comptes courants associés qui varient de 40 à 60 millions d'euros selon la période de l'année, signe de la confiance des adhérents, force est de constater que la coopérative présente un bilan exceptionnel avec de bons résultats depuis plusieurs années.

Thierry Dupont, le président, ne cache pas sa satisfaction et rappelle que prendre des participations dans Tereos il y a 20 ans a permis le développement de la filière éthanol et de l'amidon, assurant des débouchés aux producteurs de la région. Aujourd'hui, Tereos a souhaité racheter ses parts et Agora a fait une bonne opération, en multipliant par deux l'investissement initial.

L'heure est venue de décider l'affectation des résultats de cette année exceptionnelle. Les intérêts des parts sociales sont montés à 2,748 % pour un montant global de 198.000 EUR, 989.000 EUR sont ristournés aux adhérents et une ristourne exceptionnelle de 5 EUR/t de produit du sol est votée pour un montant de 2.969.000 EUR. Le reste du résultat est affecté à une provision sur les intérêts aux parts (1 MEUR) et 9,2 millions dotent une réserve facultative. Du bon usage de ce que l'on a gagné.

Mêlée instable

Et pourtant, manager le pack Agora n'est pas de tout repos en ces matchs où les adaptations conjoncturelles (guerre, fluctuation des cours du blé et de l'azote) tamponnent les changements structurels (climat). L'adversaire avance vite, amplifie son mouvement. «Les charges opérationnelles explosent, l'argent est cher malgré une inflation relativement maîtrisée en France et la récolte 2022 a été la plus précoce et rapide de la coopérative. Au 18 juillet, 60 % de la récolte étaient rentrés, 90 % au 24 juillet. Du jamais-vu !», s'étonne Agnès Duwer. Et puis la crainte de la pénurie en fertilisation a poussé les adhérents à se couvrir au prix moyen, c'est le rôle d'amortisseur de la coopérative. «De 22 % d'adhérents au prix moyen, nous sommes passés à 80 % !» Malgré une volatilité jamais aussi folle, la coopérative a déployé une résilience importante, elle a encaissé le choc et, malgré ce contexte inédit, a été capable de présenter de bons résultats.

Agora décline son projet 2030 au fur et à mesure. Agroécologie, orientation des marchés et engagement sont au coeur de la stratégie de la coopérative. Déjà 295 adhérents sont engagés pour produire du colza bas carbone, les secteurs opérationnels ont été regroupés, bientôt la politique des adhérents sera revue car la coopérative s'interroge sur le renouvellement des générations. «Ce renouvellement va nous conduire à nous remettre en question sur la relation adhérents, notre capacité à adapter l'outil coopératif aux jeunes générations. Cela aura un impact réel car nous devons ouvrir un débat intergénérationnel pour continuer à construire ensemble la coopérative et nous mettre ensemble en mouvement, adhérents, élus et collaborateurs. Agora avance avec et pour vous», conclut Thierry Dupont. Au rugby, c'est ce qu'on appelle faire une cocotte.

Thierry Dupont accueille Fabien Pelous.
Thierry Dupont accueille Fabien Pelous. - © dlc

Rugby et coopération : qu'est-ce que réussir collectivement ?

Fabien Pelous a mené sa carrière à une époque où le rugby est passé de sport amateur à sport professionnel. Ce n'est qu'à la fin de sa carrière, lorsque des journalistes l'ont interrogé, qu'il s'est posé la question : qu'est-ce que réussir collectivement ? Avec beaucoup d'humour et de savoureuses anecdotes de matchs, il livre à l'assemblée le fruit de ses réflexions. Il voit trois facteurs à la réussite collective.

D'abord, la technique. «C'est la somme de gestes réussis sur le terrain qui permet de gagner. Et pour les acquérir, il faut une formation de base, dans une école de rugby où l'on apprend les rudiments : passes, lancers, placages... Et puis les perfectionner dans un centre de formation au rugby professionnel», explique l'ancien capitaine. Avant, pour gagner un match, il fallait 90 % de gestes réussis. Aujourd'hui, c'est 95 % ! «À 94 %, tu perds un match ; à 96 %, tu le gagnes ! Cela se joue à rien ou presque !» Toutes ces petites choses mises bout à bout font le succès. Et même si certaines sont aléatoires, météo pour les agriculteurs, arbitre et rebond du ballon pour les rugbymen, il faut développer son expertise, travailler ses passes ou ses mêlées pour avoir un temps d'avance.

Ensuite, il y a la stratégie et c'est l'entraîneur qui la choisit. L'important est que chacun se l'approprie et y trouve sa place. «La Nouvelle Zélande, c'est la stratégie de l'évitement. L'Afrique du Sud, c'est tout droit ! Et pourtant, ces deux stratégies ont fait des vainqueurs de coupe du monde, ce n'est donc pas la stratégie qui fait la différence !», analyse Fabien Pelous. Ce qui compte, c'est d'aller au bout de sa stratégie, de bien la partager dans le quinze.

Enfin, il faut l'esprit d'équipe. «Au rugby, on a besoin de tous : des petits gros, des grands maigres, des beaux gosses de calendrier, des hommes des cavernes !», plaisante-t-il. C'est la solidarité entre eux qui sera le moteur de leur performance. D'où les stages en début de saison, où l'on partage tous les autres moments en dehors du terrain : blagues potaches, verres bus ensemble, chambrées... La solidarité, ça se travaille ! Et puis il y a la fameuse troisième mi-temps qui ne sert pas qu'à boire ensemble. C'est aussi l'occasion de se dire franchement entre co-équipiers les choses et de passer à autre chose, «pour s'améliorer ensemble».

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