Agora fait carton plein avec son laboratoire à ciel ouvert
Le vendredi 10 juin, la coopérative Agora a organisé sa visite d'essais sur la plateforme agréocologique de Catenoy, dans l'Oise. Ainsi, les agriculteurs ont pu suivre toute la journée quatre chemins différents abordant des thématiques comme l'intégration des Cive ou le pilotage de la stratégie blé.
C'est sous un soleil de plomb que Thierry Dupont a accueilli une immense foule d'agriculteurs afin d'informer des évolutions techniques et des pratiques culturales pour la prochaine campagne, sous un contexte incertain lié à la guerre en Ukraine. Il a été rappelé que les résultats des essais seront plus explicites en fin d'été. Un des conseillers Agora est venu faire un point avant la visite sur la tarification des semences «On n'a jamais vu des prix aussi hauts. Dès lors, on a validé en conseil d'administration plusieurs options. Soit on proposera un prix ferme à la moisson : malheureusement, cela intégrera les risques de volatilité. Soit un prix de campagne permettant d'avoir une semence à juste prix. Cela signifie qu'il y aura un prix d'acompte qui sera facturé au mois de novembre et en fonction de l'évolution du prix, on ajustera le prix des semences au mois de juin 2023 à la hausse ou à la baisse en fonction du prix.»
Ensuite, les agriculteurs ont pu apercevoir les différentes variétés de blés. Certaines sortent du lot comme Extase (très haut potentiel avec comme seul bémol une levée tardive), Campesino (gros potentiel mais sujet à la rouille), Garfiel (haut potentiel avec un bon tallage, mais également une levée tardive) et Cesario (bon rendement et très régulier). On retient également les variétés passe-partout comme Rubisko, Complice et Chevignon (qui peut être remplacée par la variété Mortimer). Plusieurs variétés sont à surveiller comme Junior (très surprenante en tout point), Audace (haut potentiel surtout en protéine mais il est vivement déconseillé en blé/maïs), Tweetoo (très resistante à la JNO)
Objectif azote et carbone
Les conseillers d'Agora et d'Arvalis ont présenté le modèle de culture appelé CHN. Le parti pris dans le développement du modèle CHN est très différent : le modèle a été conçu dès le départ pour être mobilisé par les outils de pilotage. Il doit donc pouvoir être aisément paramétré, par exemple, par un agriculteur ou un conseiller. Il doit aussi fonctionner en cours de campagne avec une projection de la simulation jusqu'à la récolte. Dans ce but, le modèle CHN a été intégré dans le système d'information d'Arvalis afin de bénéficier de ses avantages : accès aux bases de données techniques internes sur les sols ou encore sur les variétés, utilisation des modèles historiques de l'institut comme ceux des stades de la plante, projection de simulations jusqu'à la fin de la campagne.
Le modèle de culture CHN est structuré en trois «compartiments» : sol, atmosphère, et plantes. Les flux quotidiens de carbone, d'eau et d'azote sont représentés entre ces trois compartiments. Cela permet de juger de l'état d'alimentation azoté d'un blé en équilibrant besoins en azote et biomasse. S'il est inutile qu'il soit trop élevé, il est à l'inverse dangereux qu'il descende en dessous d'un seuil dit de carence, susceptible de compromettre l'atteinte du potentiel de rendement.
Pour maximiser le stockage de carbone lié aux cultures intermédiaires, l'implantation de légumineuse apparaît comme la meilleure option, sans toutefois dépasser 15 % des surfaces. En effet, pour gérer au mieux les risques phytosanitaires, il faut éviter un retour trop fréquent sur la même parcelle. La réduction de la fertilisation sur la culture suivante, pour une culture intermédiaire produisant en moyenne 2 t MS/ha, est évaluée à 5 kg N/ha après une culture intermédiaire de graminées ou de phacélie, 10 kg N/ha après une crucifère et 20 kg N/ha après une légumineuse.
Concernant l'enfouissement localisé de l'engrais, cela reste pertinent principalement pour les cultures de printemps recevant de l'engrais solide au moment du semis. En évitant les phénomènes de volatilisation, cette technique permet de réduire significativement les émissions de GES par hectare. Le potentiel de réduction des émissions est de l'ordre de 0,2 t CO2/ha/an.
Pour améliorer le bilan carbone d'une exploitation, malgré les nombreux facteurs rentrant en jeu, les actions les plus efficaces sont, en théorie, celles qui permettent d'accroître au maximum le stockage de carbone, dans la biomasse et dans le sol.
Un outil venant en aide aux agriculteurs
Les agriculteurs ont pu aussi écouter les explications sur l'outil d'aide à la décision Xavior. Au-delà de la modulation de dose fongicide sur céréales, Xarvio Field Manager inclut la modulation de semis et la modulation de fertilisation. Il propose à l'agriculteur de créer ses cartes de modulation de semis personnalisables, à partir des cartes de potentiel de ses parcelles, ou de ses propres cartes. L'agriculteur peut désormais optimiser la densité de ses semis, mieux gérer ses risques agronomiques de levée, et ainsi exploiter pleinement le potentiel de rendement de ses parcelles. De plus, en combinant les données satellites et l'historique des cultures, l'outil accompagne également l'agriculteur dans sa stratégie de fertilisation et lui permet de générer des cartes de modulation d'engrais en intra-parcellaire, pour apporter la bonne dose au bon endroit. De nombreuses cultures ont récemment été intégrées à l'outil. En plus des céréales, l'agriculteur peut désormais suivre en direct l'évolution et l'implantation sur 20 cultures, dont le maïs, la pomme de terre, le tournesol et la betterave, et y moduler ses semis ou ses apports de fertilisants.
Visite pluvieuse, visite heureuse à Léglantiers
Le mercredi 8 juin, la coopérative a organisé une visite thématique de la plateforme d'expérimentation agriculture biologique à Léglantiers. Ainsi les visiteurs ont pu se renseigner sur une collection variétale de 40 blés testés. Les autres axes de travail sont tournés vers le pilotage de la fertilisation et la gestion du stress climatique grâce aux biostimulants , un point marchés et débouchés et sur des échanges concernant les nouvelles filières : semences, chia, menthe poivrée...
Dans le cadre de son projet Agroécologie, Agora accompagne ses adhérents en agriculture biologique ou en transition avec notamment une plateforme d'expérimentation dédiée et une gamme spécifique. Pour une livraison locale, Agora propose 10 sites agréés pour la réception des produits bio ou C2, un site de stockage. Cela représente 2.300 t de collecte en 2021 (multiplié par 10 en 5 ans)
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