L'Oise Agricole 25 mai 2022 a 17h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Agora à la recherche des meilleurs itinéraires pour ses adhérents

La coopérative de l'Oise peaufine ses programmes d'expérimentation pour trouver ceux à même de répondre aux exigences techniques, économiques et environnementales d'adhérents dont les choix sont parfois très éloignés : bio, conventionnel, agriculture de conservation des sols, haute valeur environnementale...

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Laurent Pinsson présente les essais menés sur les conduites colza.
Laurent Pinsson présente les essais menés sur les conduites colza. - © DLC

Répartis sur plusieurs blocs dans la plaine à Catenoy, au nord de la nationale 31, les différents essais veulent répondre aux enjeux actuels : recherche de nouveaux débouchés, baisse des IFT (indice de fréquence de traitement) et optimisation de la fertilisation, tout en gardant des itinéraires robustes techniquement et une rentabilité pour l'exploitant. «En plus, nous essayons de chiffrer l'impact des pratiques testées sur le plan du carbone et notamment des gaz à effet de serre», tient à préciser Laurent Pinsson, responsable de la plateforme de Catenoy.

Un premier bloc propose des essais tournesol, une culture dont la sole tend à se développer dans l'Oise. «Sur le secteur Agora, nous collectons 1.500 ha depuis 4 ans, avec de bons résultats, autour de 30 q/ha. Comme l'intérêt pour cette culture ne se dément pas, nous avons intégré le tournesol dans nos essais : faibles intrants, peu de traitements, possibilité de désherbage mécanique auquel le tournesol se prête bien», détaille le responsable. Des essais d'emploi d'un engrais starter au semis, comme pour le maïs, doivent permettre de réduire la dose totale.

Une partie du site est dédiée à des essais sur différents couverts en mélange, «qui sera présentée lors de l'Agora des collèges le 9 juin prochain», précise Honorine Ouin, chargée de communication. Avec la pluie de ces derniers jours, les plantes devraient se développer et donner à voir dans deux semaines, les 9 et 10 juin prochain, dates prévues pour recevoir les collégiens et les adhérents.

Cultures innovantes et itinéraires colza

La coopérative a également à coeur de proposer des essais sur des cultures dont on parle en termes de diversification : cameline, sarrasin, chia, lentille, blé dur, pois chiche, avoine... pour mettre au point des itinéraires susceptibles d'intéresser des adhérents souhaitant diversifier leur assolement. «La cameline peut entrer dans un procédé de biocarburant deuxième génération, à condition qu'elle soit semée en dérobé derrière une culture principale alimentaire et Agora a un contrat avec Saipol dans ce cadre», explique Laurent Pinsson.

Sur plus de 3 hectares, s'étendent les essais dédiés au colza où plus aucun n'est consacré aux stratégies phytosanitaires classiques. L'orientation est clairement agro-écologique : tests variétés, solutions de bio-contrôle, semis avec des plantes destinées à attirer les altises ou les méligèthes, fertilisation localisée, plantes compagnes... tous les résultats doivent permettre de bâtir un itinéraire technique à bas intrants en actionnant les leviers possibles. «Semer de bonne heure, fertiliser en local, semer avec des plantes compagnes dont certaines attirent les ravageurs, choisir une variété tolérante au sclérotinia, voilà déjà quelques acquis éprouvés depuis les années. Nous testons un mélange de plantes compagnes idéal : 60 kg de féverole, 3 kg de trèfle d'Alexandrie, 20 kg de vesce commune, 5 kg de sarrasin, 3 kg de fenugrec et 3 kg de tournesol. Ces plantes cacheront le colza aux insectes ravageurs et restitueront de l'azote au sol, qui sera mesuré.» L'objectif est de pérenniser l'implantation de colzas robustes avec une pousse dynamique pour totalement se passer d'insecticides à l'automne.

Une alternative consiste à semer deux variétés de colzas, une d'intérêt et l'autre qui sert à attirer les altises. Reste à évaluer lesquelles et dans quelles proportions effectuer ce mélange. Autre aspect qui sera testé en 2023, la recherche de colzas à fort taux de protéines dans les tourteaux et donc susceptibles d'intéresser les éleveurs.

Enfin, dernière partie de la plateforme, celle consacrée au blé avec les classiques essais variétés, fertilisation, désherbage, test d'outils de pilotage, stratégie de réduction phytos, biocontrôle et conduite pouvant être validée dans le cadre de la certification HVE à laquelle souscrivent des adhérents de la coopérative.

«Nous devons proposer des solutions robustes pour les différentes orientations que prennent nos adhérents, tout en anticipant les évolutions réglementaires qui ne manqueront pas de limiter les solutions chimiques classiques. Un colza et un tournesol bas intrants, réguler les blés et les orges sans chimie, des stratégies fongicides avec en ligne de mire la possibilité de certification HVE, c'est le top 4 de notre plateforme 2022, en attendant une version 2023 qui, à partir de l'analyse des milliers de données 2022, sera encore plus pertinente», conclut Laurent Pinsson.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,