Accord UE-Mercosur : la ferme opposition des filières françaises
Les présidents des interprofessions bétail et viandes, volailles, betteraves et sucre ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour lui demander de renouveler son opposition à un accord entre l'Union européenne et le Mercosur.
Alors que les négociations entre l'Union européenne et le Mercosur s'accélèrent, les professionnels des filières agricoles françaises, représentants des filières animales et végétales (betterave et sucre, volailles, céréales, bétail et viande), viennent d'adresser une lettre ouverte collective au président de la République pour lui rappeler son opposition maintes fois exprimée au sujet du projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur. N'avait-il pas déclaré dans les allées du Salon de l'agriculture en février dernier : «Un accord avec les pays du continent latino-américain n'est pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris et s'ils ne respectent pas les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs.»
Aujourd'hui, ils lui demandent de faire entendre la voix de la France pour stopper les discussions engagées au sein de l'Union européenne en vue de ratifier cet accord, autorisant l'importation massive de produits alimentaires ne respectant pas les mêmes exigences environnementales et sanitaires que celles imposées aux producteurs français. En effet, le NON de la France n'a pas empêché la Commission de pro-poser aux États du Mercosur un projet «d'addendum environne-mental» qui n'intègre d'aucune manière des clauses miroir visant à conditionner l'accès des pro-duits sud-américains au marché des Vingt-sept au respect des normes imposées aux agriculteurs européens. Et de citer le poulet dopé aux antibiotiques, le boeuf engraissé dans des feedlots de 30 000 animaux, le maïs traité à l'atrazine qui seraient intégrés dans des quotas d'importation à droits de douane nuls ou réduits prévus dans l'accord.
Calendrier serré
Et d'autant plus que l'écart de concurrence environnementale et sanitaire avec les productions brésiliennes ne cesse de se creuser «au gré des interdictions imposées à nos filières sur les moyens de production», notent les professionnels. Par exemple, le durcissement de la directive IED assimilant les élevages de porcs et de volailles aux activités industrielles les plus polluantes qui vient d'être adopté en trilogue. Tout ce que la planète compte de pro-Mercosur souhaite finaliser les négociations avant la prise de fonction du nouveau président argentin, Javier Milei, le 10 décembre, dont on connait l'opposition au Brésil et au Mercosur. Chez les Vingt-sept, de nombreux représentants de la Commission ont multiplié des appels publics à la ratification au cours des dernières semaines. Y compris Jo-sep Borrell, le chargé des affaires extérieures de l'Union européenne qui s'est prononcé en faveur d'une conclusion rapide. Pour les professionnels signataires, il est désormais primordial d'abandonner ce projet pour réussir à relever le défi de la souveraineté alimentaire, priorité affirmée par le Président.
Des négociations suspendues à l'investiture de l'argentin Javier Milei
Alors que les discussions entre les parties étaient en bonne voie et qu'un voyage diplomatique de la Commission européenne était envisagé pour le sommet du Mercosur du 7 décembre, la finalisation attendue des négociations entre l'UE et le Mercosur semble pour le moment reportée. En effet, selon la presse sud-américaine, l'Argentine aurait indiqué ne pas être en mesure de se prononcer sur l'accord avant l'investiture de son nouveau président, Javier Milei, prévue le 10 décembre. La position du futur chef de l'État argentin à ce sujet reste, à l'heure actuelle, encore inconnue. Du côté de la Commission européenne, on maintient la volonté de poursuivre les pourparlers «dans un esprit constructif» et de les conclure le plus rapidement possible, sans donner plus de précision à ce stade. «Des progrès substantiels ont été réalisés au cours des derniers mois, les deux parties s'étant engagées à conclure un accord qui réponde efficacement aux préoccupations climatiques et favorise une transition équitable et verte de part et d'autre, dans l'intérêt de nos peuples», précise un porte-parole.
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