L'Oise Agricole 31 mars 2023 a 10h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

À la Ferme des p'tites planches, on cultive des légumes, mais aussi la relation client

Installé depuis 2020 à Reuil-sur-Brèche, Thomas Bonnay produit et commercialise fruits et légumes en agriculture biologique sur une surface réduite, mais avec une forte densité de plantation. Il s'investit beaucoup dans les relations directes avec les clients.

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Thomas Bonnay dans sa pépinière où les plants sont déjà bien développés, en attendant de rejoindre les planches.
Thomas Bonnay dans sa pépinière où les plants sont déjà bien développés, en attendant de rejoindre les planches. - © DLC

«J'ai beaucoup creusé cette idée de micro-maraîchage grâce à des témoignages et publications du Québec où il est beaucoup pratiqué. En France, l'exemple le plus connu est sans doute la ferme du Bec Hellouin, dans l'Eure. Je me suis documenté sur les techniques et ai suivi une conférence à Paris», confie Thomas Bonnay, aujourd'hui 37 ans et père de trois enfants. Non issu du milieu agricole, il a pourtant suivi un BTS productions végétales à Pierrefonds avant de travailler chez Isagri, puis chez Progib, une société éditrice de logiciels pour le BTP, comme chef de projet pendant 10 ans. «L'envie de revenir à la terre ne m'a jamais quitté et ce projet s'est amorcé en 2019, en accord avec ma compagne Pélagie.» La famille s'était installée à Reuil-sur-Brèche et Thomas a pu bénéficier de presqu'un hectare de pâture pour installer la Ferme des p'tites planches, après avoir suivi le classique parcours à l'installation. Il a bénéficié d'une autorisation de prélèvement d'eau dans la Brèche, indispensable à la réussite de son projet.

Une technique inhabituelle

«Le micro-maraîchage consiste à cultiver des légumes sur des planches standard, toutes identiques, de 24 mètres de long pour 75 cm de large. Les légumes sont plantés ou semés de façon extrêmement dense. Par exemple, sur une planche de 75 cm de large, je sème 6 rangs de carottes», témoigne le jeune installé. Ainsi, la productivité des surfaces est forte et, comme les dimensions des planches sont toutes identiques, il est facile de déplacer les voiles de protection, le système d'irrigation par goutte-à-goutte ou micro-aspersion, ou les serres tunnel. Pour désherber avant semis, Thomas Bonnay dispose des bâches noires sur les planches pendant plusieurs mois. Au final, plus aucune mauvaise herbe et un sol dont on voit qu'il a été travaillé par les vers de terre.

«Je limite le travail du sol à la préparation superficielle du lit de semences, je profite de la bonne teneur en azote du sol, sur une ancienne pâture. C'est une bonne terre, du limon, un ancien lit de rivière, avec une couche de silex à 15 cm», précise le maraîcher. Agréé agriculture biologique, il étend des filets de protection contre les insectes et, contre les maladies, n'a dû intervenir avec une bouillie bordelaise qu'une seule fois. Pour avoir des cultures plus saines, il diversifie au maximum et effectue une rotation consciencieuse. Thomas Bonnay choisit parfois de ne pas faucher les allées entre les planches car elles accueillent des plantes hôtes des ravageurs. Pour la fertilisation, il utilise du compost de déchets verts certifié bio et éventuellement un peu d'engrais organique.

Il obtient ses propres plants en réalisant des semis de semences agréées et qu'il fait lever dans deux pépinières avant de les repiquer sur ses planches. Plants de choux, betteraves et même de tomates attendent ainsi leur heure.

Au total, Thomas Bonnay cultive une quarantaine de légumes différents, cent variétés au total. Il faut y ajouter la production d'arbres fruitiers, pommiers, poiriers, cerisiers et pruniers. À la belle saison, il cultive également fraisiers et framboisiers. De quoi bien remplir ses journées puisqu'il est seul à travailler, parfois avec des stagiaires ou des aides ponctuelles. Comme matériel motorisé, il dispose seulement d'un gros motoculteur et d'un quad avec remorque pour transporter ses récoltes. «Comme j'avais travaillé auparavant, je n'ai pas emprunté pour mon installation ; j'investis au fur et à mesure, je dois avoir déjà dépensé entre 40.000 et 50.000 euros», confie-t-il.

Si 2021 a été une très mauvaise année à cause de la forte pluviométrie et du manque de soleil, 2022 lui a apporté des résultats supérieurs à ses prévisions, malgré les dégâts de la tempête Eunice qui a empoté un tunnel et le gel tardif. Pour ne pas perdre courgettes et tomates particulièrement abondantes l'été dernier, il a fait fabriquer à la conserverie Derungs de Saint-Ouen-l'Aumône soupes et coulis qu'il propose à ses clients.

Commercialiser et animer

Thomas Bonnay a beaucoup réfléchi à ses modes de commercialiser. Il recherche avant tout le contact direct avec les clients et pour cela, il propose des animations sur site. «Je ne veux pas de distributeur, trop anonyme, je privilégie les contacts, c'est l'ADN de mon projet.» Au départ, il avait pensé vendre des paniers aux salariés d'Isagri mais, avec le télétravail qui s'est généralisé après le Covid, beaucoup ne viennent plus régulièrement au bureau et Thomas a dû revoir sa copie.

Un petit point de vente a été aménagé à la Ferme des p'tites planches et les clients peuvent passer commande via le site internet de la ferme et récupérer leur panier le mardi fin d'après-midi ou venir le samedi matin.

Au départ, notamment en 2022, Thomas Bonnay a vendu sur des brocantes et sur des marchés hebdomadaires, à Creil et à Nogent-sur-Oise, mais les résultats sont aléatoires, souvent en fonction de la météo du jour. Il a signé un contrat avec deux Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne), une grosse en Île-de-France et une dans l'Oise. Cela fait de nombreux paniers à préparer, mais cette méthode assure des revenus réguliers. Il fournit également un restaurant à Bresles, L'instant T, et ses légumes seront en vente dans le distributeur qui sera installé dans le bar d'Auchy-la-Montagne, Au QG d'Auchy, en cours de restauration et dont l'inauguration est prévue le 8 avril.

Thomas Bonnay veut également faire de son exploitation un lieu de vie et, pour cela, il fait preuve d'imagination : visites, animations autour de la décoration pour Halloween avec des citrouilles, et, dans quelques jours, une chasse aux oeufs pour Pâques (voir page 31 de cette édition) avec Bienvenue à la ferme dont il a rejoint le réseau et en est devenu membre du conseil d'administration. «Je suis aussi adhérent de Bio en Hauts-de-France et les échanges avec les autres producteurs que j'ai dans ces deux réseaux m'aident dans mon quotidien. Je vends d'ailleurs en toute transparence des produits de collègues (miel, jus de fruits, légumes secs), nous échangeons sur des points techniques, réglementaires et pratiquons l'entraide. Nous réfléchissons également à animer nos points de vente et participer à des actions collectives de promotion.»

Il incite par ailleurs ses clients à ne plus utiliser d'emballages, propose une carte de fidélité et leur fait goûter des légumes habituellement peu consommés, comme le chou rave violet, délicieux à l'apéritif. «La partie commercialisation, échanges avec les clients, me plaît beaucoup, surtout quand les retours sont positifs et encourageants.» On n'en doute pas une seul seconde.

La Ferme des p'tites planches

Thomas Bonnay

28 rue de l'Église à Reuil-sur-Brèche

Tél. 06 21 27 06 98

lafermedesptitesplanches@gmail.com

app.cagette.net/lafermedesptitesplanches

Sur le site internet, vous pouvez passer commande et venir chercher vos produits les samedis de 10 à 12 h et le mardi de 17 h à 19 h 30.

Facebook/lafermedesptitesplanches pour suivre toutes les actualités et animations proposées.

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